Cet article fait partie d’une série de 3 articles sur mon road-trip à Y Ty dans le Nord du Vietnam. J’ai effectué une grand boucle depuis Lao Cai en faisant étapes à Muong Hum puis Y Ty. Je vous raconte ma seconde journée entre Muong Hum et Y Ty, on passe de 400m d’altitude à quasiment 2000m d’altitude et on arrive au pays des nuages ! Pour rappel vous pouvez lire le premier article entre Lao Cai et Muong Hum sur l’article : Boucle de Y Ty au Vietnam [1/3] : De Lao Cai aux montagnes de Muong Hum

Y Ty : le pays des nuages !

Présentation géographique

Etant donné le lieu extrêmement reculé je préfère commencer par les explications géographiques, cela va faciliter les explications :

  • Je suis arrivé la veille par le train à Lao Cai, ensuite nous avons loué une moto et nous avons pris la direction de Muong Hum en passant par Ban Vuoc (et non par Sapa).
  • Le but de la seconde journée est de rejoindre Y Ty depuis Muong Hum
  • La journée doit normalement se passer de la sorte : Passage par le marché de Muong Hum puis route jusqu’à Y Ty à travers un chemin compliqué, on trouve un homestay et on visite les environs de Y Ty.

Passage par le marché de Muong Hum et départ vers Y Ty

Il est très tôt lorsqu’on se lève pour aller découvrir le marché de Muong Hum, un marché avec de nombreuses minorités ethniques et très peu touristique. J’évite de trop en parler car ce marché fera l’objet d’un article spécifique mais dans l’idée le marché est vraiment très bien. C’est peuplé de beaucoup de minorités et il y a quand même pas mal d’activité.

Bref après avoir englouti rapidement un petit-déjeuner (indice : il n’y avait pas de Chocapic) on reprend la moto en direction de Y Ty. A ce moment il est 8h00 du matin, on est bouillant ! On retraverse le marché alors que quelques étrangers arrivent depuis Sapa et on fonce sur la route en direction d’Y Ty. Au lieu de repasser par le guet à la sortie de Muong Hum (dont j’ai parlé dans le précédent article sur la première journée), on décide de passer par la route annexe qui possède un pont et qui du coup nous permettra de voir autre chose. Bien nous en a pris car le début de la route est magnifique avec des plantations de thé de partout (je dois avouer que je ne m’attendais pas à de plantations de thé ici).

On croise ça et là quelques personnes des minorités en train de marcher ou arrêtés pour passer un coup de fil (je pense qu’ils reviennent du marché). Au fur et à mesure que l’on monte (les routes ne sont jamais plates dans le coin) les paysages deviennent sublimes. Notamment sur la photo ci-dessous avec la montagne, le thé au premier plan, les nuages bas qui se dissipent et les rizières en terrasse en arrière-plan.

Après un bon quart d’heure à ne faire que monter et descendre on arrive dans une petite vallée encastrée avec un énorme lac, on continue sur cette route en passant devant d’énormes potagers… avoir accès à l’eau ça aide ! Les quelques personnes que l’on croise doivent se demander ce qu’on vient faire par là (on ne le sait pas encore mais au bout la route est coupée !).

Retour sur la route principale pour Y Ty

Malheureusement alors que l’on passe le pont que l’on visait… on se rend compte que la route est impraticable derrière ! La route est tellement pourrie que j’en oublie de faire une photo en essayant de faire demi-tour dans la boue, elle devrait rapidement être dans un bon état mais pour l’instant c’est impossible de passer (bon à part si t’as un Land Rover à 80 000$ mais moi j’ai une Honda à 300$). Du coup on refait exactement la même route dans l’autre sens et on repasse par le guet à la sortie de Muong Hum. Il a beaucoup plu au cours de la nuit et l’eau est beaucoup plus haute, je tente donc de faire passer la moto sans encombre et je termine les pieds trempés.

De l’autre côté nous attend une route qu’on a déjà découverte le jour précédent. Cette fois coup de chance il y a du monde qui travaille dans les champs d’oignons.

Et quelques centaines de mètre plus loin il y a toute une équipe qui fait sécher une production assez conséquente. Je ne sais pas où ils vendent ça mais ils doivent aimer les oignons dans le coin.

La route absolument majestueuse continue, on est sur le côté gauche de la vallée et tout autour de nous il y a d’énormes rizières en terasse ou de grandes plantations de maïs.

On s’arrête au point décidé la nuit précédente pour reposer la moto. Compte-tenu de nos soucis lors du premier jour où le moteur fumait de façon assez bizarre je veux qu’on s’arrête régulièrement car la moto trinque énormément. En effet avec la route où on va grimper 1500m de dénivelé très rapidement notre moto a du mal (c’est une 110cc avec 2 personnes dessus et les sacs), je préfère donc qu’on s’arrête 2-3 fois pour faire reposer la bête.

J’ai demandé aux personnes dans le magasin comment était la route par la suite, d’après eux il faut encore passer 2 collines et ensuite on sera vraiment dans la montagne (“quoi ? c’est pas la montagne déjà là putain ?”). Du coup on refait quelques lacets et les paysages sont juste magiques ! Je m’arrête souvent pour faire des photos.

Quand je dis que ça monte à ce moment là, pour faire simple on a que des routes avec d’un côté la vallée et les rizières de partout, et de l’autre côté la montagne.

On quitte notre dernier paysage de rizières et la montagne commence… en fait les dénivelés sont assez similaires par rapport à ce qu’on vient de faire, c’est surtout la végétation qui change.

On a l’impression de se retrouver dans une espèce de mix entre jungle et forêt, c’est des longues lignes droites qui grimpent dans la forêt, les routes sont parfois vraiment pourries mais puisqu’on monte ce n’est pas dangereux (on ne peut pas aller vite, la moto rame trop). On profite d’une pause pipi pour laisser reposer un petit quart d’heure la moto.

Finalement on semble arriver tout en haut de la montagne, le panneau annonce 2 kilomètres, la moto tient encore le coup. Je pousse un petit soupir de soulagement, même si le moteur explose maintenant ça sera beaucoup plus facile à gérer !

On commence lentement à redescendre et je dois tout de suite m’arrêter pour… (suspens insoutenable)… enlever mon sweat ! On vient de changer de vallée et dans la vallée d’Y Ty il fait beaucoup plus chaud.

En roulant on arrive le long d’une longue ligne droite avec les fameuses maisons en terre qui font la réputation de la minorité Hani (il y a en a d’autres plus bas dans l’article). Sur ce photo on voit aussi très bien pourquoi Y Ty est surnommée quelque chose comme “la région des nuages”. En effet c’est tellement haut que les nuages sont au même niveau !

Sur le toit du Vietnam ?

Première vision de Y Ty et le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’a pas l’air énorme comme ville ! Oui c’est l’ensemble de maison que l’on voit légèrement sur la droite de la photo. Pas sûr que je trouve un paquet de Pringles dans ce patelin !

On descend la route que l’on voit sur la droite sur la photo ci-dessus et on arrive dans le village de Y Ty. Le premier homestay est complet mais le second a de la place et une “chambre” disponible (comprendre une cloison dans le dortoir). La négociation est très difficile car la chambre coûte 6$ pour deux. Bon en plus les proprios ont l’air sympa et la vue depuis leur terrasse finit de me convaincre.

Après avoir posé nos affaires on doit aller faire le permis dans la garnison militaire. Ca se passe assez facilement puisque je dois juste donner 200 000 à la personne en charge du truc. Du coup on est plus rapidement que prévu dans le petit restaurant attenant à la garnison et on mange du porc excellentissime !

On descend de Y Ty en direction d’un viewpoint censé être magnifique, le problème c’est que les dénivelés sont absolument délirants. Même en première et en freinant comme un malade j’ai du mal à arrêter la moto. Au bout de 15 minutes à descendre je me dis qu’on est pas prêt d’arriver. Ce qui m’inquiète surtout c’est qu’il va falloir remonter toute cette immense pente et compte-tenu de la puissance limitée de notre moto… je le sens mal !

On s’arrête à un moment pour faire des photos des rizières avec une dame qui bosse, la vue sur la vallée est magnifique mais on a descendre que 2 kilomètres. Il est 15h30, il va nous falloir facilement 30-40 minutes pour arriver à l’endroit souhaité puis il va falloir remonter… alors qu la nuit va tomber et qu’on est à 2000m. C’est décidé on fait demi-tour et on va visiter un autre village qui nous intéressait (et ouai Brice c’est pas toujours Jean-Michel l’aventurier).

On arrive un peu avant Cong Vien super rapidement, petite anecdote mais j’avais vraiment très envie de faire pipi en remontant. Du coup j’arrête la moto et là comme par enchantement alors qu’on avait croisé personne il y a 6 motos qui passent dont 2 qui dorment aussi à notre homestay… Jean-Michel pris la main dans le sac. Bon pour en revenir à nos moutons les rizières avant d’arriver au village sont très belles, en plus le soleil est bien présent donc c’est shooting photo.

D’ailleurs ma copine a fait pas mal de photos de moi pendant ce trip, donc pour que vous vous rendiez compte backstage WorldWildBrice ça donne ça. Un mec en short et en basket qui passe 5 minutes à prendre en photo un reflet en attendant que l’oiseau dans le ciel dégage.

Pas mal aussi à l’iPhone non ?

A peine arrivés dans le village de Cong Vien il y a bien entendu les maisons typiques des minorités Hani. Pour information j’avais aussi vu ce type de maison à Yuanyang dans le Sud de la Chine (il doit y avoir 60 kilomètres à vol d’oiseau).

A ce moment il se passe un truc assez bizarre. Il y a un groupe de vietnamiens qui est venu voir le viewpoint au bout du village… et c’est exclusivement des professeurs de français, on commence donc à discuter rapidement et là on croise le seul occidental (enfin non j’en ai croisé 2 en fait) de ce voyage derrière une très grosse bécane (lui il a pas dû avoir de problème avec le moteur qui fume). Après avoir dit aurevoir au groupe de professeurs je marche dans le village au hasard et là y’a un papi qui semble beaucoup trop sympa.

Le mec est en callebard en train de recoudre son pantalon, je discute 5 bonnes minutes avec lui et finalement ma copine arrive. Je lui demande “il parle vietnamien” et elle me dit que oui, impeccable on va pouvoir discuter ! (oui dans les montagnes au Vietnam tout le monde ne parle pas vietnamien, donc parfois même avec un vietnamien impossible de discuter !).

Le papi est juste beaucoup trop sympa, il nous donne son âge, on lui explique ce qu’on fait, il nous dit qu’il a été envoyé à l’époque pour faire une maison Hani à l’ouverture du musée ethnographique d’Hanoi, ah ça c’est son petit fils, et puis là c’est le bois pour l’hiver… il est juste beaucoup trop sympa donc je fais une photo pour me rappeler de la scène. Le seul détail c’est que lui il est encore en caleçon… j’en aurais fait une tête si un vietnamien m’avait pris en photo en caleçon alors que je recousais mon pantalon à Aix en Provence !

En descendant de chez le monsieur on croise un autre papi qui est en train de s’occuper de son petit fils. Il est très timide même en lui montrant sa photo (le petit fils, pas le papi !). Bon ce paragraphe n’apporte rien mais il est important pour la suite… enfin un peu important !

On descend le village, je râle car il va falloir remonter et on arrive au début des rizières. En effet juste en bas du bas d’un village il y a souvent quelques rizières, d’après ma copine à cet endroit c’est assez connu mais je ne comprends pas pourquoi.

Après avoir descendu un peu dans les rizières je comprends mieux pourquoi c’est connu comme endroit, en fait c’est juste que c’est magnifique. Le mélange de nuages avec les rizières et les montagnes au loin donne une ambiance assez irréelle qui n’est pas pour me déplaire. Bon j’aurais préféré un énorme soleil mais à 2000m d’altitude on choisit rarement la météo.

En descendant rapidement dans les rizières je fais ma figure artistique préférée : la chute. Jean-Michel demi-salto-arrière-retombée-dans-la-boue est de sortie mais il en faut plus pour m’arrêter.

Le sac est dégueulasse mais je me dépêche pour faire des photos. La boue m’a pas arrêté mais les nuages sont diablement plus puissants pour m’arrêter, en quelques minutes on ne voit quasiment plus rien, on attend 10 bonnes minutes en priant pour que ça se dégage mais bon… ça s’est pas dégagé ! C’est incroyable mais en quelques minutes le paysage a complètement changé.

Alors que j’ai un peu les boules de remonter il se passe un truc magique. On grimpe tranquillement sur le chemin boueux dans les nuages et là on entend de la musique, et plus précisément une flûte. On distingue quelques secondes après un adolescents en train de jouer sur un énorme rocher. En nous voyant il s’arrête instantanément et semble super gêné. Après avoir discuté un peu il nous explique qu’il a 15 ans et qu’il garde les buffles de la famille. Il accepte que je fasse quelques photos de lui alors qu’il joue, à ce moment c’est Jean-Michel “faut pas louper les réglages” qui est de sorti. 

Finalement après encore quelques phrases il nous explique qu’il faut qu’il suive ses buffles plus bas (manière polie d’être tranquille, il était d’une timidité extrême). En remontant je me rends compte que je n’ai pas de photo de la scène, j’en prends donc une d’assez loin qui est en fait très représentative de la scène : Un adolescent Hani qui joue de la flûte dans les nuages.

A ce moment je suis comme un dingue, je suis tellement content d’avoir fait demi-tour sur la route pour aller vers ce village et d’avoir rencontré le papi et le joueur de flûte. Je ne sais pas comment l’expliquer mais je sais que c’est 2 moments dont je vais me rappeler longtemps. En remontant dans le village il y a pas mal d’enfants qui jouent au foot, je fais quelques photos d’eux et on recroise l’enfant qui était timide avec son papi. On marche 30 secondes et là le papi arrive d’un pas rapide à la recherche du petit, on se marre et on lui dit qu’il est à la maison d’après en train de faire un foot.

On a passé la journée sur la moto et dans les rizières à voyager d’une vallée à l’autre et du coup… ben… on pue. On profite donc du coucher de soleil depuis la petite terrasse de notre homestay après une douche au combien revigorante (non je déconne l’eau était tiède mais on va pas faire les difficiles !).

Conseils ?

Un grand article sur Y Ty arrivera bientôt avec tous les conseils, soyez patients ! Vous pouvez dans tous les cas retrouver tous les article sur Y Ty dans la page de catégorie Y Ty.

Questions ?

Vous avez des questions sur cette seconde journée entre Muong Hum et Y Ty ? N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous.