Cet article fait partie d’une série de 3 articles sur mon road-trip à Y Ty dans le Nord du Vietnam. J’ai effectué une grand boucle depuis Lao Cai en faisant étapes à Muong Hum puis Y Ty. Je vous raconte ma troisième journée entre Y Ty et Lao Cai, on passe de 2000m d’altitude à 400m d’altitude en traversant des paysages incroyables. Pour rappel vous pouvez lire le premier article entre Lao Cai et Muong Hum sur l’article : Boucle de Y Ty au Vietnam [1/3] : De Lao Cai aux montagnes de Muong Hum et le second article entre Muong Hum et Y Ty sur l’article : Boucle de Y Ty au Vietnam [2/3] : De Muong Hum à Y Ty

Si par hasard tu n’as rien compris à cette introduction, sache que Y Ty est un village perdu au fin fond du Vietnam, on est à ce moment avec les rizières en terrasse et les minorités ethniques. La région demeure très peu connue car elle vient de s’ouvrir aux étrangers (avant on ne pouvait que traverser, maintenant on peut s’arrêter dormir).

Muong Hum, Lao Cai, Y Ty… oui mais c’est où ?

Je commence chaque article sur cette aventure en expliquant bien la géographie des lieux, à ce moment on se trouve à l’extrême Nord du Vietnam à quelques mètres ou kilomètres de la Chine. Dans cet article je pars de Y Ty vers le Nord en prenant la route qui serpente jusqu’au bout du Vientnam (il n’y a pas d’autre mot) avant de foncer quasiment tout droit vers Lao Cai en suivant le fleuve qui joue le rôle de frontière avec la Chine.

C’est un élément très important mais la région est extrêmement montagneuse, bon c’est pas l’Himalaya mais dans l’idée c’est très vallonné, pour information Y Ty est à quasiment 2000m d’altitude ce qui pour le Vietnam est énorme (le plus haut sommet du Vietnam est à 3100m).

Départ très matinal de Y Ty pour être tranquille

On part sur les coups de 8h00 de notre homestay à Y Ty, on a passé une nuit assez merdique car le homestay était plein à craquer (on est pendant un weekend prolongé au Vietnam donc de nombreux vietnamiens d’Hanoi sont venus, le homestay a mis du monde partout !). Mention spéciale à l’enfoiré qui a laissé l’alarme de son iPhone à 5h00 du matin ! Bref on reprend la moto, on remet le sac comme d’habitude et on part. Alors que Google nous annonçait 3 jours de pluie je dois dire que la météo est toujours magnifique.

Il y a des rizières partout (avec aussi beaucoup de câbles pour foirer les photos) et c’est simplement superbe. On ne s’en rend pas compte sur la photo mais à ce moment il fait quand même un peu froid, altitude et vent ne font pas bon ménage sur la moto donc je suis en sweat avec une écharpe.

La route est en très bon état et on roule pendant une bonne dizaine de minutes en croisant ça et là quelques maisons et toujours des rizières !

Puis on arrive au moment de la journée qui me fait le plus peur d’un point de vue conduite, il y a un moment qui semble assez compliqué sur la carte avec des dénivelés de dingue où l’on passe de 1500m d’altitude à 1000m en 4-5 kilomètres ce qui donne une moyenne à 12.5%. Ça ne fait peut-être pas flipper en France mais à deux sur une moto pas dingue (et surchargée) sur des routes pourries (avec des graviers) du Vietnam il faut faire attention.

L’énorme avantage pour passer cette portion difficile juste après Y Ty c’est qu’il y a des paysages à tomber. Les rizières viennent juste d’être remplies mais dans l’idée c’est éblouissant. J’ai d’ailleurs un peu les boules de devoir conduire car on voit beaucoup moins le paysage.

On s’arrête quand même dans un virage un peu moins pentu que les autres pour faire des photos. Je n’ose imaginer le spectacle en septembre avec les rizières sublimes et un beau coucher de soleil.

C’est les premiers de la journée mais toute la journée on va voir des adultes et des enfants qui attendent dans les rizières, souvent juste en train de discuter ou ne pas faire grand chose. Généralement plus tu vas dans des régions pauvres et plus les enfants sont dehors, en train de jouer ou en train de garder les buffles (pendant que les parents travaillent dans les rizières).

Sujet de blague assez récurrent avec ma copine mais pendant 3 jours on a eu l’impression de ne voir que des panneaux 10%. Ma théorie est que la DDE locale n’a qu’un seul panneau à mettre et que du coup c’est toujours 10%, de mon point de vue c’était donc plus une mise en garde contre une pente difficile plutôt que réellement 10%. Tu crois peut-être que j’abuse mais j’ai eu l’impression de croiser 4-5 panneaux qui annonçaient 9% ou 12% par contre des dizaine et des dizaines de 10%.

Des points de vue magiques juste après Y Ty

Quelques kilomètres plus loin on s’arrête au même niveau qu’une bande de photographes. L’endroit est magnifique avec un dénivelé juste incroyable, vraiment la route semble avoir été construite avec un vide de 500-1000m juste en dessous. Il y a des kilomètres de rizières partout.

Et des villages qui semblent apparaître un peu au milieu du vide. On devine une promo chez Leroy-Merlin sur les toits de la même couleur (bon dans la réalité c’est sûrement le gouvernement qui a pris des mesures). Ça donne pas envie de passer des jours entiers dans les villages du coin à faire de la moto honnêtement ?

Je parlais quelques lignes plus haut d’un groupe de photographes, il y a 2 énormes pickups chargés de photographes vietnamiens qui font aussi la boucle de Y Ty et que l’on a déjà croisé le jour précédent. Il y a autant de femmes que d’hommes et ils sont armés en téléobjectifs pour prendre des photos de la lune (comprendre ils ont du très gros matériel).

Alors que je veux prendre une photo du dénivelé et de la route je me fais quasiment couper la vision par une mamie qui déplace des herbes. Car oui il faut le dire mais la vie n’est pas facile pour tout le monde dans les montagnes. Pour nous Y Ty n’est qu’un passage en vacances où l’on va à la meilleure saison mais on croisera pendant nos 3 jours de nombreuses personnes qui marchent au milieu de rien en portant des poids importants.

La grande descente vers A Lu

Plus on roule et plus on commence à s’extirper de Y Ty, tant qu’on est si bien quasiment déjà arrivé à A Lu. Ce village est un endroit assez connu pour les vietnamiens qui est mentionné partout sur les sites qui parlent de la région de Y Ty. On change à ce moment de vallée et il fait d’un coup beaucoup plus chaud, c’est reparti pour le tee shirt ! Je m’arrête au dessus de rizières qui viennent juste d’être plantées, c’est sublime !

Au même moment et à peut-être 100m sur la gauche il y a des enfants en costumes qui jouent sur une pierre en plein milieu des rizières. Ils sont tous en costumes et l’endroit parait féerique. Malheureusement les 2 voitures de photographes sont déjà arrêtées et ils mitraillent du bas et du haut sur les enfants. Ma copine me demande pourquoi on s’arrête pas mais l’esprit n’y est pas donc je ne le sens pas. Pour bien comprendre il faut se rendre compte que mon plus gros zoom est un 70-200 (l’ordre de grandeur du zoom) qu’on peut voir sur la photo ci-dessous, c’est déjà pas petit et tout le groupe a au minimum du 100-400 et du 150-600. Aucun jugement car pour les rizières plus le zoom est gros mieux c’est, si j’avais un 100-400 je l’aurais aussi utilisé c’est juste que ça va m’être difficile d’aimer une photo prise dans ces conditions.

Du coup on dépasse le groupe de photographe et on arrive sur des routes avec des dénivelés très doux (il y a même une montée à un moment, je le jure !), on est à ce moment juste au dessus du village de A Lu. Dans l’idée on a super bien avancé car cela fait à peine une heure qu’on a quitté Y Ty, on a passé (ce que je pensais mais en fait non) le passage le plus compliqué donc je confirme à ma copine qu’on peut prendre le temps qu’on veut !

On quitte à ce moment la route principale et on descend plein pot sur la petite route vers A Lu, on continue de descendre et on arrive à un petit amphithéâtre de rizières. Bon c’est pas pour gâcher la fête mais on m’avait promis un endroit magnifique et dans la réalité c’est pas vraiment ça.

Pour être franc on s’est fait carotte par le Marketing (comme quand tu achètes un plat tout préparé au supermarché et que c’est pas la même chose dans ton assiette que sur la couverture). Dans la pratique c’est beau mais des rizières comme ça il y en a partout.

Juste à côté des rizières il y a quelques personnes qui sont en train de bosser, quelques constructions sortent de terre et jusqu’à quand avant l’ouverture d’un homestay ?

On discute avec les ouvriers… rectification, ma copine discute avec les ouvriers et ils nous disent qu’il y a des rizières plus belles juste en bas. Du coup on continue en moto mais les ouvriers ont un peu raconté de la merde et c’est pas si beau que ça après.

On remonte dans le village et j’ai l’impression que mes pneus sont dégonflés, on s’arrête donc chez un mécanicien pour regonfler tout ça et mettre un peu d’essence (et il y a 2 familles dans la maison !). Ils font un peu tout et la maison d’à côté s’occupe même de changer de l’argent chinois.

Pendant qu’on réorganise la moto (car oui pour mettre l’essence il faut ouvrir le coffre… et donc enlever toutes nos affaires) il y a des habitants qui viennent voir ce qu’il se passe. Car oui qu’on soit à Paris, Bangkok ou Y Ty les gens sont curieux. Les 2 dames rigolent énormément et j’en profite pour faire une photo, malheureusement cela arrive souvent que les gens se ferment complètement lorsqu’on fait une photo, là où on avait un visage très expressif en rigolant on reprend un air sérieux pour faire une photo… (la vie est bien difficile parfois).

On remonte, on remonte et on remonte encore la route jusqu’à quasiment revenir sur la route principale.

Ma copine et moi sommes assez chauds pour prendre un petit-déjeuner et on s’arrête donc dans un petit magasin du coin. Assez pour prendre un thé glacé et un petit paquet de biscuits. Des photos des fils de la famille sont accrochés au mur, un semble vivre à Hanoi et toute la famille semble avoir été à la baie d’Halong il y a quelques années.

La grand descente vers Lung Po

On reprend la route principale et on amorce une longue descente vers Lung Po, à ce moment on est à 1100m d’altitude et il est 10h20. On passe de grandes rizières et il commence à refaire un peu chaud. On sait qu’il reste encore un peu de trajet sur une route en mauvais état mais dans l’idée la route est complètement catastrophique par moment.

Ca descend énormément et je suis comme un dingue en première sur les freins, il y a énormément de virages en épingle sans aucune visibilité et je joue donc la carte de la prudence (pas de visibilité + gravillons + dénivelés importants + conducteurs vietnamiens = danger).

Bien m’en a fait car une dizaine de minutes après cette photo on passe tout prêt de finir dans le pare-brise d’une bagnole qui arrivait un peu vite. Bon malheureusement je n’ai pas de photo car je me permets quelques clichés uniquement dans les endroits sans danger (c’est à dire rarement).

Pour se faire plaisir il y a aussi 2-3 passages dans l’eau, comprendre une cascade qui déborde et qui inonde toute la route. Certaines sont petites mais il y en a une où tu roules bien une dizaine de secondes dans l’eau.

Photo de ma copine à l’iPhone

Puis on continue de descendre, de descendre et encore de descendre. La route n’en finit pas, on croise quelques villages où la vie semble se figer, quelques villages où il y a quand même quelques magasins et surtout des montagnes et encore des montagnes.

A ce moment il est 11h15 et on a l’impression de se retrouver dans un four, il fait extrêmement chaud car on a perdu en altitude et c’est l’enfer du point de vue des fesses. Et oui après 2.5 jours sur la moto on commence à avoir mal au popotin.

Finalement le même schéma se répète, on arrive dans un village et le premier et la dernière habitation sont des magasins, on s’arrête donc à la première pour faire une pause. C’est souvent la même chose d’ailleurs : “ils ont du thé glacé ? impec”. Bon je dis la même chose mais ça sera en fait la meilleure pause de nos 3 jours, il faut dire qu’il ne se passe généralement rien d’excitant.

La mamie qui tient le magasin est un phénomène, elle est assez rigolote et elle nous montre ses quelques pièces et billets de l’étranger. D’ailleurs concernant certains elle n’est pas sûre mais en tant que voyageur de l’extrême je lui confirme bien qu’elle a des pièces de Malaisie et des billets du Laos. D’ailleurs je dis pièce étrangère mais étant donné qu’on est à la frontière avec la Chine elle semble avoir beaucoup plus de Yuans chinois que de Dongs vietnamiens.

La mamie nous garantie que c’est bon et qu’il n’y a désormais plus de descente. A ce moment il est 11h30 et ça fait donc quasiment 3h30 qu’on ne fait que descendre, descendre et encore descendre. J’en ai donc ras le cul (navré, j’ai essayé de le dire autrement mais c’est vraiment ça). Finalement il reste encore 10 minutes de descente mais on touche au but : la frontière !

Et oui la frontière avec la Chine est un petite fleuve sans prétention, d’un côté la route un peu pourrave du Vietnam et de l’autre côté une autoroute chinoise. J’étais content d’arriver au niveau de la rivière mais à 12h30 il faut bien le dire : on a faim. On s’arrête donc dans le seul restaurant qui a l’air potable comestible et on mange tout ce qu’on nous propose. Ca fait à ce moment 45 minutes qu’on roule sur du plat.

A ce moment on est plus trop loin de Ban Vuoc, l’endroit où on s’était arrêté à l’aller pour le premier marché. Autant nous n’avions pas de riz dans les montagnes (enfin pas de riz dans les rizières), autant dans les plaines il semble y avoir 2 récoltes et les rizières sont sublimes.

On traverse sans arrêt d’immenses plaines avec du riz de partout et des collines entre les deux. Occasionnellement on se retrouve au bord du fleuve ou on se surprend à remonter un petit peu une grosse colline.

Je dis que du riz mais il y a aussi d’autres industries, on a le droit à de grandes plantations de bananiers couvertes de plastique mais aussi à une énorme mine super impressionnante (c’est peut-être pas le mot car ça flingue complètement le paysage mais l’endroit est immense). Bon j’ai failli prendre une photo de la mine mais c’est généralement pas les business qu’on aime prendre en photo et ça évite de terminer en prison.

Photo faites par ma copine à l’iPhone

Alors qu’on pensait reprendre la même route que lors du premier jour, finalement on se retrouve sur une route annexe pour revenir à Lao Cai ce qui n’est pas pour nous déplaire, encore des rizières et des rizières.

Il est quasiment 15h00 lorsqu’on arrive à Lao Cai, on suit les conseils de Vietnam Coracle (un excellent blog anglais de moto sur le Vietnam) pour l’hôtel à Lao Cai et on prend une excellente douche en regardant TV5 Monde avant notre train retour vers Hanoi à 21h30. Si on avait su on aurait pris un peu plus le temps à certains moments mais c’est plus facile à dire après que pendant !

Questions ?

Vous avez des questions sur cet article ? N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous.