Chroniques d’eOasia ?

En 2013 j’ai réussi à obtenir un stage incroyable dans une startup de Singapour, mon but ? Recruter des opérateurs d’activités (cours de cuisine, tours en hélicoptères, trekking, etc.)  dans toute l’Asie en allant les rencontrer. Je passais 2 semaines à Bali, 5 semaines aux Philippines ou 7 semaines en Malaisie en changeant de destination toutes les semaine. Oui c’était AirBnB Experience avant l’heure.

Dans cette série d’articles (il y en aura 7) je vous raconte toute mon expérience, de mon départ de France jusqu’à mon retour en France à travers les Philippines, la Malaisie, Singapour, le Laos, etc. Rappelez-vous qu’à l’époque je fais encore mes études et que je n’ai qu’une expérience minime de l’Asie (Philippines & Inde uniquement).

Cet article commence le 22 mars 2013 et je suis dans un avion en direction de Bali, je viens de passer quelques jours à Singapour où j’ai commencé à comprendre ce que j’allais faire. 3 jours non-stop avec J. qui est l’un des fondateurs de l’entreprise eOasia où je viens d’être recruté (n’hésitez pas à lire l’article où j’explique comment fonctionne l’entreprise). Après avoir passé la première étape “c’est bon il a pas l’air trop bête” il est maintenant l’heure de voir ce que j’ai dans le ventre et de me former à ma mission principale : Recruter des opérateurs d’activités… et c’est là qu’arrive G.

Première journée à Canggu

J’arrive en ce 22 mars 2013 pour la première fois à Bali, à l’époque l’aéroport est loin de ressembler à ce qu’il est maintenant. Ca ressemble plus à un aéroport tranquille d’une île perdue qu’à l’aéroport d’une destination touristique incontournable d’Asie.

Je me débrouille pour entrer dans un taxi et je pars en direction de la villa où m’attend G.. C’était ma première expérience des adresses à Bali mais on mettra un peu de temps à trouver le bon endroit avec mon taxi (les adresses à Bali c’est quelque chose, t’as le village, et après c’est “au pif”).

Je suis dans l’ensemble complètement sous le charme puisqu’on logés dans une maison avec piscine privée, au bout il y a les rizières, c’est très calme, bref c’est parfait. Il faut pas croire que les villas sont incroyables mais dans l’idée Bali c’est quand même tranquille. Tu as une chambre dans une villa ouverte sur l’extérieur, t’as la piscine au bout du jardin, bref même si les villas sont anciennes, que l’eau fonctionne pas toujours parfaitement et que les meubles c’est du basique ça fait parfaitement l’affaire.

Oui c’est la piscine

Après avoir fait connaissance et pas mal discuté avec G. nous terminons notre dimanche à Echo Beach. C’est une plage hyper connue de Bali qui se trouve à seulement quelques kilomètres de la villa. Pour une première journée Bali c’est incroyable de terminer par un dîner au coucher de soleil avec les surfeurs au loin (encore une fois rappelez-vous que 4 jours auparavant j’étais en France en train de me demander où j’allais partir, puis la semaine d’après je viens de passer quelques jours à Singapour et je termine sur une plage de Bali).

Comment fonctionne le travail ?

Si je suis à Bali avec G. c’est pour apprendre le travail, Guillaume s’occupe en effet de développer Bali (et d’autres destinations) pour eOasia et passe donc ses semaines à affiner son offre d’activité (il a déjà beaucoup de “gros” opérateurs de l’île donc là il travaille sur des besoins ponctuels, des partenaires qu’il devait voir depuis longtemps, etc.).

Dés le lendemain la semaine commence et… pour les premiers jours on s’occupe de me louer un scooter, puis on passe d’opérateurs en opérateurs. Pendant les rendez-vous je ne dis pas grand chose et je regarde ce que G. fait. Après chaque rendez-vous on débrief (comment était l’opérateur, ce sur quoi G. a bien insisté, les problèmes potentiels d’après son expérience, etc.).

Bon et parfois ça marche plus donc il faut pousser !

Les journées dépendent en fait énormément des rendez-vous avec les opérateurs. Pour faire simple tu as déjà travaillé avec plein de gens mais tu penses qu’il te manque un centre de plongée à Sanur, des transferts en bateau pour Nusa Penida ou le grand spectacle du Sud de Bali. Tu regardes donc sur différents sites internet puis tu essayes d’avoir des rendez-vous avec ceux qui sont intéressants (si le site internet du centre de plongée à Sanur est en chinois c’est pas bon, si les transferts en bateau ont de mauvais avis sur internet c’est pas bon non plus, etc.).

Du coup tu essayes de mettre des rendez-vous à peu près à la suite et dans la même zone géographique. Ensuite tu pars en scooter, tu fais tes rendez-vous et  :

  • Ils acceptent de travailler avec toi (dans ce cas il faut s’occuper des prix, de rentrer les offres sur le site internet de eOasia, de tout bien confirmer avec l’opérateur concernant le paiement, etc.).
  • Ils ne veulent pas travailler avec toi (ils sont pas intéressés, ils sont déjà complets, etc.).
  • Ils ne sont pas sûrs (ça arrive souvent quand la personne du meeting a peu de pouvoir) du coup il faut essayer de les persuader (et si possible avoir un second rendez-vous avec le boss)
  • Tu ne veux pas travailler avec eux (ça t’as pas paru bien, tu le sens pas, c’est pas comme tu croyais, leur business model ne fonctionne pas avec ce que tu as, etc.).

Les Business cards, le nerf de la guerre ! Tous le soirs il faut les rentrer dans le système !

Une fois que les rendez-vous sont terminés tu rentres à la maison et tu fais tout le suivi par email :

  • Tu rentres les offres
  • Tu envoies ton compte-rendu journalier aux boss
  • Tu rentres toutes les informations que tu as dans un fichier (business cards, nature du contact, comment tu le sens, etc.)
  • Tu prépares le futur (qu’est ce qu’il te manque, qui il faut contacter, etc.).

Le travail est extrêmement chronophage car il y a beaucoup de transports (on passe des heures sur le scooter), beaucoup de temps au téléphone (pour organiser les rendez-vous car il faut appeler les gens 10 fois), beaucoup de temps sur l’ordinateur (pour préparer les meetings, les prochains voyages, le suivi par email, rentrer les offres, etc.). Cependant impossible de se plaindre tu es à Bali et on te parle de voyager partout en Asie pour ton premier boulot.

Au fur et à mesure de la semaine G. me fait apprendre par cœur le speech de vente, il me dit que c’est plus pratique car au début je vais pas être sûr de moi et que je vais oublier des points importants. Pour faire simple :

  • Souvent le client il sait pas qui tu es, il comprend pas ce que tu veux dire, du coup tu insistes toujours bien au téléphone pour dire que t’es une entreprise de Singapour (Singapour = argent = bien pour le business)
  • Tu utilises toujours les noms des plus grosses entreprises partenaires qui sont déjà sur le site (Bali Safari, Bali Hai Cruises, etc.) et si tu as des grosses entreprises dans son style tu en parles aussi (c’est un peu comme dire que tu bosses dans le milieu bancaire et que tes partenaires c’est la Société Générale, BNP, etc.).
  • Tu expliques comment fonctionne le business en montrant directement sur ton ordinateur/iPad, le site ressemble à ça, on a les filtres, on a les destinations, etc.
    Note : Ce point est important mais à l’époque montrer un joli site internet avec plein d’offres d’activités, où tu peux cliquer et avoir toutes les informations et réserver en genre 2 clicks c’était assez “waouh”.
  • Tu expliques bien comment fonctionne le système de commission (15% comprenant déjà les frais financiers)
  • Tu termines le meeting en expliquant bien les “next steps” et que t’auras besoin de lui pour les prix, pour les photos, etc.

Là ça parait simple mais pour Brice qui commence à peine j’étais entre le gros coup de stress et le “bon ben c’est facile, surtout que le business model a pas de gros défauts” (c’est pas comme si on leur vendait des déchets nucléaires, de la drogue ou de la nourriture avariée).

Et ça c’est le bureau, la table qui sert d’ailleurs aussi pour dîner, discuter, etc.

Brice dans le grand bain

Pendant la semaine nous enchaînons donc les rendez-vous et au fur et à mesure je parle de plus en plus (dont quelques bêtises facilement repérées par G.). On passe toutes nos soirées dans la piscine de la maison et le midi & soir on enchaîne les petits warungs (les restaurants “locaux” à Bali) avec…

  • Vue sur la mer (si on est à Sanur, Kuta ou Seminyak)
  • Vue sur les rizières (si on est dans la campagne)
  • Vue sur le parking (si c’est la galère et qu’on avait pas le temps)

A la fin de la première semaine nous sommes à Ubud (Centre de Bali en gros) pour des rendez-vous, nous rencontrons plusieurs cours de cuisine et opérateur pour du vélo & trek. Avant un de nos derniers rendez-vous G. reçoit un appel urgent pour un problème dans le Sud de Bali. Il doit partir directement et du coup c’est à moi de rencontrer le dernier opérateur tout seul.

Cet opérateur c’était Paon Bali Cooking Class (je m’en rappelle comme si c’était hier), un des cours de cuisine les mieux notés à Ubud. Lors du meeting tout s’est très bien passé, le propriétaire était super sympa, l’endroit génial, les clients (qui faisaient le cours de cuisine) ravis. L’opérateur était chaud pour être sur le site… bref pour un premier rendez-vous c’était parfait !

En revenant le soir je suis pas peu fier de jouer le modeste avec G. en mode :

  • “Ouai c’est bon”
  • “Ouai on va le mettre sur le site, faut que je lui envoie un email ce soir”
  • “Ouai il a tout compris, on peut le payer directement par PayPal, pas de souci”
  • “Ouai non pas de souci écoute, comme une lettre à la poste”

Disons que j’ai eu un peu de chance que ça se passe bien (et qu’il n’y ait pas un souci dans l’adresse, le mec qui a une urgence et qui répond plus au téléphone, etc.) et que j’ai pu jouer mes cartes facilement. Ca m’a mis énormément en confiance (c’est un peu comme si c’était ton premier match de foot, que ton équipe gagnait 4-0 et que t’avais mis 2 buts, forcément ta confiance est au maximum).

“Bali”

J’ai oublié d’en parler dans cette partie mais un truc super important que G. m’a appris c’est… a gérer les flics ! A Bali ils ciblaient (ce n’est plus le cas maintenant) les étrangers pour pouvoir gratter de l’argent. Evidemment la police était située dans de nombreux carrefours et G. m’avait appris les petits trucs (s’arrêter entre 2 voitures, jamais être devant, dépasser par la droite comme ça le mec peut pas t’arrêter, jamais s’arrêter en premier au feu rouge, utiliser le moins possible les intersections à risque, etc.).

Seconde semaine sans G.

Je ne me souviens plus vraiment comment ça se goupille mais de mémoire G. doit quitter Bali au milieu de la seconde semaine ensemble (genre autour du 31 mars), je sais plus si c’est un impératif administratif (visa) ou simplement pour une raison normale. Je me retrouve donc tout seul et j’ai une petite liste d’opérateurs qu’il faut aller voir la semaine suivante.

A ce moment il se passe un drame assez important puisqu’on doit rendre la maison. Du coup je décide de louer une chambre à Ubud sauf… que mon budget est un péu léger ! Du coup mon bureau c’était ma petite terrasse :

Au bout d’une semaine de travail j’ai donc appris que :

  • Il fait super chaud à Bali et qu’en chemise toute la journée c’est pas facile (mais sur le scooter la chemise ventile alors que le polo pas ouf).
  • On se fait rapidement à la conduite des balinais
  • On bosse vraiment comme des dingues, on commence souvent autour des 9h, on bosse toute la journée et le soir après dîner on continue de bosser un peu, et ça du lundi au samedi (le samedi pouvant être un peu plus soft, ça dépend en fait des rendez-vous et d’où tu te trouves)
  • C’est pas super compliqué de recruter les opérateurs, par contre il y a beaucoup de travail derrière (pour récupérer toutes les informations & photos, pour mettre les offres en ligne, etc.).
  • Que le boulot est génial car c’est dans l’ensemble peu contraignant, c’est des volumes horaires importants mais… ben le cadre est superbe
  • Que le dimanche lorsque c’est la journée de libre… on peut faire des trucs de fou (une randonnée dans les environs de Ubud par exemple).

A ce moment je suis donc seul et tous mes rendez-vous se passent bien, la plupart des gens qu’on voulait disent oui, pour certains ils sont pas assez professionnels alors que d’autres… sont déjà complets de chez complets rien qu’avec une bonne position sur Tripadvisor (c’est pas des blagues, à l’époque il y avait des mecs qui avaient des business de vélo ou de cours de cuisine et qui recevaient tellement d’emails qu’ils embauchaient des gens juste pour répondre aux mêmes emails toute la journée, leur problème c’était pas d’avoir des clients c’était de gérer le flux).

C’est par moment horrible pour trouver les suppliers avec ces satanées adresses de Bali. Pour faire simple j’ai toujours compris qu’une rue pouvait couper plusieurs villages, et qu’à chaque village le numéro repartait de zéro sauf que les villages ont tellement grossi que c’est difficile de savoir dans quel village tu es. Du coup lorsque tu cherches le #294 ben… tu fais des A/R et t’es jamais sûr (et en plus en Asie personne te dit qu’il sait pas, il préfère te montrer une direction au hasard).

Notes : en relisant cette partie je suis sûr que je raconte n’importe quoi pour les adresses et qu’il y a une autre explication, mais c’est comme ça que je l’ai compris à l’époque !

 

Jalan Tartagan c’est la rue, et à chaque nouveau village le numéro repart de zéro sauf que toi t’as aucune idée du nom du village vu que les villages sont collés !

Pour ma part les “chefs” de l’entreprise discutent d’où je vais aller après. Bali n’est qu’une étape dans ma formation et eOasia a déjà une offre importante d’activités dans l’île. Le but pour moi c’est de partir dans un autre pays pour vraiment faire avancer l’entreprise. Je me rappelle qu’ils parlaient souvent de la Thaïlande puis d’un coup c’est la Malaisie.

En fait la Malaisie leur fait un peu peur car il y a beaucoup de chinois qui tiennent les business (enfin des malais d’origine chinoise) et que du coup ils ont pas la réputation d’être faciles niveau business. Vu qu’à Bali ça s’est bien passé et que j’ai l’air solide ils se disent “pourquoi pas la Malaisie ?”.

Dernier weekend… avec J. de Singapour

Alors que je sais que je pars en Malaisie c’est du coup mon dernier weekend à Bali. Je viens de faire une super journée de randonnée, je suis rejoins par J. qui vient en weekend depuis Singapour. Nous travaillons un peu ensemble et surtout nous passons une soirée à pas mal picoler, plusieurs enseignements :

  • Pour mon poste il m’avait confié que eOasia avait reçu plus de 150 CVs, du coup je lui ai demandé pourquoi il m’avait pris (j’étais super impressionné) et il m’a dit 2 trucs donc je me souviens vraiment:
    • Je lui avait dit que c’était vraiment ce que je voulais, genre que ce poste je le voulais vraiment et que je lui avais dit “je pensais même pas que ça pouvait exister comme travail, ça a l’air génial” ; visiblement beaucoup de candidatures le pensent mais ne le disent pas lors de l’entretien donc j’ai marqué des points.
    • Il avait l’impression que si mon scooter était cassé en plein milieu de Bali je trouverais une solution et que je pourrais me débrouiller (j’avais sous-estimé ce point, mais vu que le boulot était quasiment tout le temps seul c’était un point super important, et je pense qu’il avait un peu peur de prendre un mec d’école de commerce qui soit trop “cucul”)
  • Parler avec ton boss lorsqu’il y a un bar qui joue de la musique très forte c’est pas ouf
  • Je me suis fait avoir pour la première fois en achetant du Pocari Sweat, en fait c’est une sorte d’eau gazeuse à boire après le sport (c’est dégueulasse) et non pas de l’eau “normale”. Du coup depuis je suis au courant qu’il faut faire attention au Pocari Sweat.

Bye Bye l’Indonésie !

Départ pour la Malaisie

Nous somme le dimanche 7 avril et c’est désormais l’heure pour moi de quitter Bali après… 16 jours sur place. Tout s’est bien passé, j’ai adoré Bali, ce que je dois faire est génial et… c’est maintenant l’heure du grand saut puisque je pars en Malaisie, un nouveau pays pour eOasia et surtout un pays qui n’a pas la réputation d’être super facile… mais ça je vous explique tout dans le prochain épisode ! (spoiler, j’ai déchiré !).

Questions ?

Vous avez des questions sur cet article ? n’hésitez pas à laisser un commentaire.