Y Ty est une région mythique du Vietnam, elle est un peu considérée comme la région de très haute montagne du pays avec des rizières sublimes, des minorités ethniques particulières, une “mer de nuage” et de la neige l’hiver. C’est une région dont tu n’as probablement jamais entendu parler car on est qu’à quelques kilomètres de la frontière avec la Chine et il n’y a que très peu d’informations sur cette région quasiment uniquement visitable en moto (et uniquement récemment ouverte aux étrangers). Y Ty est en fait tout simplement une destination pour les vietnamiens, il est donc relativement rare de croiser des étrangers sur les routes. Tout ce voyage s’est fait à moto car l’état des routes est vraiment mauvais (surtout avant Y Ty).

Cet article fait partie d’une série de 3 articles sur mon road-trip à Y Ty dans le Nord du Vietnam (marqués [1/3], [2/3] et [3/3] qui seront complétés par un grand guide pour organiser votre voyage. Tous les articles seront réunis sur la catégorie Y Ty. Il y a très peu d’informations (surtout en français) sur Y TY mais ne t’inquiètes pas car tu es arrivé au bon endroit. Ce premier article ne concerne que la première journée entre Lao Cai et Muong Hum.

Présentation géographique

Etant donné le lieu extrêmement reculé je préfère commencer par les explications géographiques, cela va faciliter les explications :

  • Mon arrivée se fait à Lao Cai, la fin de la ligne de train et une grande ville frontière avec la Chine (tout le monde y passe généralement en allant à Sapa, l’endroit le plus connu pour voir des rizières en terrasse au Vietnam).
  • Le but de la première journée est de rejoindre Muong Hum (il y a le grand marché du weekend prévu le lendemain !) qui est dans les montagnes sur la carte ci-dessous.
  • Je ne suis pas passé par Sapa pour éviter le monde, à la place j’ai suivi le fleuve rouge qui forme la frontière avec la Chine jusqu’à Ban Vuoc d’où j’ai bifurqué pour un tout droit jusqu’à Muong Hum (regarde sur la carte ci-dessous).
  • Y Ty on en parlera plus tard mais garde ça dans un coin de la tête !

Arrivée à Lao Cai, on récupère la moto et on passe à la frontière chinoise

Comme toujours lorsque tu arrives à Lao Cai c’est toujours un peu la lose. Tu viens de passer 8 heures dans un train, t’as dû faire pipi à 6h00 du matin dans les toilettes immondes a la gare et en sortant de la dites gare c’est une vraie fourmilière à base de : “taxi sir ?” “bus Sapa ?”. Je suis avec ma copine et pour ce voyage pas besoin de bus ou de taxi puisqu’on marche quelques minutes afin de récupérer notre scooter pour ces 3 jours.
Lao Cai n’est en soit pas une ville moche, pour une ville frontière c’est même plus beau mais après une nuit dans un train de nuit c’est généralement qu’une étape pour un petit-déjeuner.

Bien évidemment en arrivant on réveil le mec du magasin… qui a plus de scooter semi-auto (alors que le soir d’avant c’était “OK pas de problème j’ai plein de scooter, 100% tu auras ce que tu veux”). Il téléphone, nous demande d’attendre “5 minutes” et 30 minutes après on a finalement tout, le sac est attaché, on est parti ! Bref un schéma assez classique en Asie “t’inquiètes + j’appelle un pote + 1h après c’est réglé”.

En prenant la route j’ai fait exprès de passer quasiment au niveau du poste-frontière avec la Chine, je voulais voir à quoi ressemblait la frontière. Dans l’idée ça ressemble pas à grand chose justement et c’est comme si la même ville avait fusionné, sauf que d’un côté tout est écrit en vietnamien et de l’autre tout est écrit en chinois (on garde une certaine logique). D’ailleurs à ma grande surprise tout le monde s’en fout que je prenne des photos et que je m’arrête en plein milieu, sur un coup de tête je mets les gazs et on finit en Chine (bon et je me prendrai sûrement des coups de tête ou de matraques de l’autre côté mais c’est un autre problème).

Il est encore très tôt et on a pas pris de petit-déjeuner, du coup on s’arrête pour récupérer des Banh Mi sur le bord de la route qu’on mangera à la première pause.

Je passe rapidement sur mes quelques erreurs d’orientation (la classique), finalement on est sur une énorme route en bon état à foncer vers Ban Vuoc.

Je dis “foncer” mais dans la réalité c’est tout l’inverse que j’ai prévu, cette grande boucle est faites pour ne prendre à peine que 2 jours et nous allons la faire en 3 jours. Il n’y a donc que 50 kilomètres entre Lao Cai et l’étape où on passera notre première nuit (Muong Hum) ce qui nous laisse le temps de nous arrêter sur la route et de pouvoir vraiment explorer ! A la sortie de Lao Cai il y a déjà pas mal de rizières et des gens qui travaillent dans les champs.

Le marché de Ban Vuoc

1h après notre départ de Lao Cai nous arrivons à Ban Vuoc, à l’origine on aurait simplement dû traverser la ville cependant on est samedi et il y a… un marché ! Et quand je dis un marché c’est pas un truc tout pourri, non il semble y avoir pas mal de minorités et tout le monde me dévisage (excellent signe, cela veut dire que personne ne vient ici !). Pour être honnête on avait pas du tout prévu ce marché, mais en passant devant il y avait 2 hmongs qui attendaient donc on s’est dit que l’endroit pouvait être sympa.

Le premier “stand” que je vois est le fameux magasin de téléphone (présent absolument partout en Asie !). Et oui même au bout du monde les minorités ethniques veulent acheter un iPhone… ou un Oppo en fonction du budget et de combien a rapporté la vente des buffles !

En s’enfonçant dans le marché tout le monde me regarde, d’abord surpris puis ensuite amusé en se demandant ce que je viens faire là. Il y a parfois des trous dans le toit avec de belles lumières qui passent.

Tout le monde est juste beaucoup trop sympa, et en lâchant mes quelques mots de vietnamiens je provoque l’effervescence (rien que ça). Je peux faire quelques portraits des enfants super facilement dont un que j’adore vraiment.

Je n’en ai pas parlé mais dans le marché on vend un peu de tout, et je dois dire que sur ce point ça ressemble à n’importe quel marché du Vietnam. Légumes, poissons, viande, bref du grand classique !

Bon il y a un truc moins classique (remarque que dans la campagne c’est assez courant) mais il y a aussi de la viande de chien. PAF le clebs complètement explosé pour qui voudra acheter quelques bouts de viande. Pour être honnête avec vous je trouve les chiens super dangereux sur les routes en Asie (y’a qu’à voir le nombre d’accidents à Bali à cause des chiens errants) donc au moins au Vietnam y’en a beaucoup moins qui courent les rues… je vous laisse imaginer pourquoi.

Alors que je fais une photo du dessus d’une dame tout le monde rigole, je prends donc la même personne avec sa copine alors que tout le marché regarde ce qu’il se passe (et que tout le monde rigole, ça détend !).

Photo prise sur l’iPhone de ma copine pendant que je faisais la photo au dessus !

En quittant le marché quelques minutes plus tard je recroise la même dame avec ses copines, je rigole donc en montrant sa photo à ses nouvelles copines et on se quitte tous dans la bonne humeur (bon… c’était pas les grosses têtes mais t’as compris l’idée).

On remonte sur la moto après avoir pris en photo 2 hmongs qui attendaient à l’entrée du marché. D’ailleurs chose assez classique mais à la campagne tu peux laisser ta moto avec toutes tes affaires à l’entrée du marché, il ne se passe jamais rien (c’est pas comme dans le métro à Paris en somme). On avait laissé notre gros sac à dos sur la moto pendant facilement 30 minutes le temps qu’on déambule dans le marché, et en revenant rien n’avait bougé.

Entre Ban Vuoc et Muong Hum avec les rizières et le moteur qui fume

On reprend la route et à ce moment on commence vraiment à grimper dans les montagnes. Jusqu’à Bon Vuoc on suivait le fleuve rouge et c’était donc très plat mais à partir de Ban Vuoc ça grimpe vraiment. La chose vraiment sympa c’est qu’on enchaîne les vallées de rizières.

Comme lors du marché tous les gens que l’on croise sont vraiment sympas, et alors que je prends une jeune fille en photo dans des rizières il y a même un papi qui s’arrête pour regarder ce que je fais en souriant.

Une demi-heure plus tard (et après beaucoup d’essence utilisée dans les montées !) on arrive dans une autre vallée vraiment très impressionnante.

On décide que c’est le bon endroit et on arrête donc la moto au milieu de la vallée pour prendre le petit-déjeuner, pas vraiment stressant comme endroit.

On était dans l’herbe à quelques mètres sur la gauche à manger nos Banh Mi de Lao Cai

On reprend la moto et on grimpe, on grimpe et on grimpe encore. La route est pas incroyable et avec notre 110cc on rame. D’ailleurs on rame tellement à grimper que je sens que le moteur perd en puissance… j’arrête la moto dans une énorme montée et le moteur est carrément en train de fumer… c’est pas une bonne nouvelle ! On s’arrête donc 15 minutes et je dois dire qu’on a surmené le moteur au bon moment… puisque le paysage est magnifique.

Il est 11h00 lorsqu’on remonte sur la moto, finalement au bout de la montée il y a… (attention suspense incroyable) une grande descente qu’on descend tranquillement pour laisser reposer la monture (affectueusement surnommée titine). Bon et en plus c’est pas de la petite descente, ça descend bien sec avec un dénivelé digne du tour de France.

Dans la montée suivante il y a des rizières qui sont en train d’être labourées, l’endroit est photogénique à mourir et je n’ose imaginer cet endroit avec de belles rizières en septembre.

Tout en haut de la passe je vérifie sur Google Maps et on est plus très loin de Muong Hum, la petite ville où l’on va passer la nuit. Du coup on s’arrête pour faire quelques photos car on a le temps. On a beaucoup grimpé toute la matinée et on est à ce moment à quasiment 1000m d’altitude (alors qu’on a démarré à +100 2h auparavant). J’explique ça car pour les photos ça donne ensuite des paysages vraiment différents avec des dénivelés super importants de chaque côté de ce petit col.

Muong Hum est cachée derrière ces quelques montagnes

Après avoir repris la moto on enchaîne sur une longue descente jusqu’à Muong Hum, au fur et à mesure on voit de plus en plus de rizières et j’ai donc l’impression d’avoir fait le bon choix en voulant m’arrêter ici (du point de vue des kilomètres ce n’est pas vraiment logique de s’arrêter si tôt, mais Google Satellite me donnait vraiment envie !).

Hôtel & repas à Muong Hum

Autant vous dire que je vais pas vous faire le coup du “on a cherché pendant des heures un hôtel” car Muong Hum fait la taille d’une supérette Carrefour. On trouve rapidement une espèce de mix entre chez l’habitant et l’hôtel (c’était tellement propre qu’il y avait des mégots écrasés par terre dans la salle de bain…).

Ensuite on part manger dans le petit restaurant du coin, c’est hyper local mais ils ont quand même le Wifi. Là aussi c’est pas compliqué à trouver car c’est le seul restaurant de Muong Hum. Un conseil si vous y passez, ne regardez pas la tronche de la cuisine. Je fais quelques photos des dames Hani qui sont déjà arrivées pour le marché du lendemain et on repart prendre les affaires à l’hôtel.

“Safety first”

 

De Muong Hum à Den Sang par les petites routes !

Je refais le plein de la moto et on part en direction de Deng Sang, pour faire simple j’ai repéré une boucle à faire qui traverse les rizières en terrasse en face de Muong Hum (si tu veux refaire la même chose tout les détails de l’itinéraire, avec des cartes, seront dans le grande guide sur Y Ty). On s’arrête juste de l’autre côté de la rivière avec les premières rizières et Muong Hum en arrière-plan.

Les gens sont en train de bosser et ils ne sont pas très accueillants (oui c’est pas toujours parfait mes rencontres, faut pas croire mais pour 1 sourire reçu au Nord-Vietnam t’as aussi un paquet de gens qui s’en foutent). Je me fais dégager sympathiquement par le monsieur avec son buffle.

Ensuite on grimpe, on grimpe et on grimpe. Je croise les doigts pour que la moto tienne et pour qu’il ne pleuve pas (oui j’ai 3 mains) car on alterne grand soleil et nuages menaçants.

D’ailleurs plus l’on grimpe et plus les cultures changent, il y a de plus en plus de maïs qui est planté sur les dénivelés importants qui ne possèdent pas de terrasse (exactement comme à Muang La au Nord du Laos).

J’insisterai sur ce point encore plusieurs fois tout au long des articles mais ce n’est pas une balade de santé à moto, ça grimpe ou ça descend avec des dénivelés super impressionnants et on enchaîne les virages sans aucune visibilité avec des dénivelés à 10-15%).

Enfin un peu avant d’arriver au sommet de ce col (où il y a d’ailleurs un petit village) on voit les premières belles rizières qui sont inondées. Car oui ce voyage a été fin à la fin-Avril et c’est donc le moment où les rizières en terrasse sont labourées et noyées dans l’eau pour préparer le plantage du riz (failli écrire la plantation du riz, j’en perds mon latin).

20 minutes plus tard on est au sommet de la montagne et on bifurque de l’autre côté de la vallée, la vue est à ce moment phénoménale et je mitraille comme un cochon (le latin est officiellement perdu).

La descente est longue et moins prononcée ce qui est très agréable pour la conduite (disons que quand ça descend à 15% et que tu vois pas ce qu’il y a derrière un virage sur deux tu roules doucement).

Avant d’arriver au village de Den Sang on tombe sur toute une famille qui est en train de labourer. Enfin toute une famille c’est vite dit, la femme donne les ordres, le monsieur applique et gueule sur le buffle pendant que le petit joue avec une chambre à air.

Bon même sur une petite route de campagne perdue au fond du Vietnam il faut parfois de ranger sur le bas-côté pour laisser passer un convoi exceptionnel. Et oui 3 buffles qui tirent du bambou ont la priorité sur les 2 touristes en moto.

Pendant qu’on s’arrête acheter de l’eau dans le village il y a pas mal d’enfants qui jouent sur un mur, de quoi faire de belles photos. Ensuite on discute sur la moto avec ma copine à propos des enfants, un peu partout en Asie les enfants sont quand même vraiment crades à la campagne et on enchaîne sur la mortalité infantile importante des minorités ethniques (qu’est ce qu’on se marre dans notre couple).

De Den Sang à Muong Hum par la grande route

Dans le village on aperçoit un panneau qui indique “Y Ty : 18 kms” et on se dit que ça va être cadeau le lendemain. En effet Y Ty sera l’étape où l’on passera notre nuit du lendemain… si on avait su ce qui nous attendait (ça sera dans le prochain article). On commence à redescendre tranquillement dans la vallée, à Den Sang on est à 900m d’altitude et il faut qu’on redescende à Muong Hum à 500m. La route est là aussi magnifique et il y a du monde qui bosse dans les champs.

Il y a aussi des rizières inondées magnifiques, de quoi faire de belles photos (à ce moment on croise un groupe de photographes vietnamiens qu’on recroisera encore plusieurs fois au cours de ces quelques jours).

En arrivant quasiment au niveau de Muong Hum il y a un super endroit avec d’un côté l’énorme montagne que l’on vient de traverser et de l’autre côté des rizières. On s’arrête longuement pour faire des photos en espérant que la dame au loin se rapproche mais il n’en sera rien. Je suis vraiment subjugué par la beauté des lieux.

Plan serré

Plan large

On rentre à notre homestay à 17h00 après avoir traversé une petite rivière (et oui il n’y a pas de route partout). Cette première journée était juste géniale et on a hâte de repartir à l’aventure le lendemain. Je termine la journée en faisant un petit tour au marché pendant que 3 H’mong s’envoient du maïs.

Pour nous ça sera une étape où l’on va se coucher très tôt car dés le lendemain il nous faudra nous balader dans le magnifique marché du dimanche de Muong Hum puis rejoindre la ville d’Y Ty en moto.

Questions ?

Vous avez des questions ou des commentaires sur cet article ? n’hésitez pas à laisser un commentaire. Pour rappel tous les articles sur Y Ty seront réunies sur la catégorie Y Ty  si tu viens lire cet article grâce à Google tu trouveras sûrement le grand guide sur Y Ty publié sur le lien mentionné précédemment.