Aujourd’hui je vous emmène à la frontière avec le Cambodge, mais pas dans les hauts plateaux ou dans les environs de Tay Ninh, non je vais m’intéresser à un point qui donne un intérêt exceptionnel à la province de l’An Giang : les palmiers à sucre !
Rendons à César ce qui appartient au Cambodge
Je suis obligé de commencer par cela mais généralement on associe les palmiers à sucre au Cambodge, il faut dire que ce pays en est rempli et que ça m’a vraiment rendu complètement dingue tellement c’est photogénique.
Bien qu’on trouve aussi des palmiers à sucre dans d’autres endroits en Asie (Laos, Birmanie, probablement Thaïlande), la plupart des palmiers à sucre du delta du Mékong sont dans 2 districts de la province de l’An Giang : Tri Ton & Tinh Bien. Comme par hasard 2 districts qui sont juste à la frontière avec le Cambodge, qui ont une forte communauté d’origine Khmère et… qui sont juste à côté de Chau Doc (encore une raison d’aller à Chau Doc !).
Une première soirée dans les environs de Tri Ton
Après avoir découvert les ruines de l’ancien royaume du Funan à Oc Eo nous avons continué jusqu’à Tri Ton où nous passions la nuit. Pour le coucher de soleil il fallait absolument qu’on aille à un endroit où les palmiers à sucre forment un cœur (je vous explique pas qui a eu l’idée entre Monsieur ou Madame, vous avez déjà une idée). Sur place le cœur était franchement pas évident et la végétation a bien poussé par rapport aux photos sur internet donc c’était vraiment pas incroyable. En revanche en quittant les lieux après le coucher de soleil il y avait une ambiance un peu bizarre et hyper photogénique.
Le lendemain nous nous sommes baladés dans les environs de Tri Ton, en arrivant dans un endroit vraiment sublime la lumière n’était pas vraiment là. Les nuages étaient vraiment “gris” et du coup il ne ressortait pas grand chose, heureusement il restait encore du vert des rizières et vu qu’elles étaient sèches les gens roulaient carrément dans les rizières.
J’ai donc expliqué à Madame qu’on allait déposer la moto à un endroit sans végétation et partir se balader dans les rizières et les palmiers à sucre. On doit laisser le gros sac sur la moto, y’a 99.9% de chance qu’il se passe rien mais… on sait jamais et vu que j’ai mon gros téléobjectif je pourrai surveiller la moto depuis l’autre bout du Vietnam.
Juste après on s’est fait doubler par un autre mec (nous on marchait !) qui s’entraînait pour un grand prix visiblement car le mec roulait super vite. Mais il avait mis un tee-shirt jaune donc il ressort tellement dans les plantations de palmiers à sucre que je suis obligé de vous mettre la photo.
C’était déjà mon troisième passage dans la région de Tri Ton donc… je connaissais ! Cependant c’était la première fois que ma femme venait dans cette région. Je l’avais vraiment poussé à venir à Tri Ton et ces paysages de palmiers à sucre sont très intrigants pour les vietnamiens. En effet c’est magnifique et du coup certaines photos sur les réseaux sociaux donnent vraiment l’envie de voyager.
Note à la relecture : On se rend pas forcément compte mais pour quelqu’un qui habite dans le Nord du Vietnam (genre Hanoi) le fond du delta du Mékong c’est vraiment très loin. Il faut prendre un vol de plus de 2h pour aller jusqu’à Can Tho dans le delta du Mékong et ensuite rouler pendant 4 heures. Donc parfois tu vois des photos de cette région assez reculée, tu trouves ça cool, t’aimerais bien voir ça de tes propres yeux sauf que tes prochaines vacances t’iras sûrement dans une destination plus “facile” pour les vietnamiens (Phu Quoc, Hoi An, Dalat, etc.). Donc au final peu de vietnamiens du Nord vont dans l’An Giang.
Bref j’ai fait le guide pendant notre passage à Tri Ton, je savais à peu près où regarder et j’ai d’un coup dit à ma femme “regarde là, il y a un homme qui commence à aller récolter”.
Je ne sais pas comment l’expliquer mais c’est vraiment intéressant de voir un homme grimper dans un palmiers, c’est tellement peu courant que ce mouvement qui a l’air si simple en deviendrait presque captivant (grimper doit leur prendre littéralement 20 secondes). D’ailleurs j’ai 2 photos de la même scène mais avec 2 angles très différents.
Alors qu’on se continuait notre chemin dans les palmiers à sucre j’ai aperçu au loin une femme avec sa fille qui rentrait chez elle (elle revenait sûrement du marché ou de quelque chose comme ça). Je trouvais la scène géniale donc j’ai couru pendant 200 mètres dans les rizières (une dame comprenait pas trop pourquoi) et j’ai pu faire cette photo que j’aime beaucoup. Le ciel est immonde, l’arrière-plan est pas beau, c’est un peu pixélisé mais elle raconte un truc (on va en parler un peu plus bas).
Nous avons aussi eu la chance de tomber sur un couple (avec leur fille) qui travaillait dans la zone. Ils étaient vraiment adorables et j’ai pu faire quelques photos assez sympathiques du monsieur. Il enchaînait les montées et descentes et ça m’a permis d’expliquer à ma femme comment ils travaillaient (avec les cordes et les petits récipients en plastique pour récupérer le sucre).
Alors que je faisais des photos à côté je me suis rendu compte qu’il y avait un angle de dingue juste en bas de l’arbre où était le monsieur. J’ai demandé gentiment à ma femme de se décaler (“dégage dégage”), j’ai attendu qu’il descende et j’ai fait cette photo que j’aime beaucoup. Je lui ai montré et ça l’a bien fait marrer.
Nous avons ensuite quitté cette zone car il commençait déjà à être tard et… comme par hasard le ciel bleu est apparu. Nous avons donc passé 15 minutes à faire des photos en couple, et ouai t’as cru que j’avais réussi à ramener Madame jusqu’ici sans promettre 2-3 trucs en échange ? (pendant ce temps c’était au Monsieur de rigoler en nous regardant !)
Je vous évite les photos dans les palmiers à sucre et je vous mets une photo de sa femme et sa fille qui quittent la zone.
J’adore la photo ci-dessus et pourtant je suis obligé d’insister lourdement sur ce point, c’est vraiment une zone très très pauvre du delta du Mékong. Récolter les palmiers à sucre ne rapporte pas grand chose, il n’y a qu’une récolte de riz par an et dans l’idée la région ne semble pas avoir de richesse particulière (il y a très peu d’irrigation). Du coup ces minorités Khmères sont quand même très pauvres et particulièrement lorsqu’elles vivent des palmiers à sucre ou de petits commerces comme on a pu voir avec la dame un peu plus haut (ils ont même pas de moto, faut marcher jusqu’au centre ville, etc.). Dans les villes ou villages en étant commerçant la vie semble un peu plus facile, mais lorsque tu travailles dans les champs de palmiers à sucre c’est pas dingue du tout. La même chose pourrait être dite avec les travailleurs pauvres des usines du Sud du Vietnam ou des minorités des montagnes du Nord, mais c’est quand même important de le rappeler.
Nous sommes ensuite retournés jusqu’à notre moto car il fallait maintenant qu’on continue notre route jusqu’à la petite ville de Ha Tien (située en bord de mer !). D’ailleurs si vous avez envie de comprendre comment fonctionne tout le processus pour faire du sucre… tout est décrit dans cet article (en anglais).
Dans le district de Thai Binh quelques jours plus tard
De par notre programme un peu bizarre nous sommes passés plusieurs fois dans le district de Thai Binh, situé légèrement au Nord de Tri Ton. Etant donné que nous avions déjà visité des zones avec des milliers de palmiers à sucre nous n’avons jamais cherché à en visiter d’autres mais à Thai Binh… il y en a aussi énormément !
Il y en avait parfois le long de l’énorme canal qui va de Ha Tien à Chau Doc. Un moment semblait parfait avec les hommes qui traversent sur le bateau. Quand je vous dis que le Cambodge est à côté sur cette photo la première colline c’est encore le Vietnam mais les montagnes en arrière-plan c’est le Cambodge.
Je trouve d’ailleurs que le fait de ne pas avoir énormément de palmiers à sucre les rend plus importants, là où sur la première série de photos on a l’impression qu’il y en a des centaines, le fait d’en avoir 3 ou 4 les mets beaucoup plus en avant.
On tombera un peu par hasard sur un autre champs assez important de palmiers à sucre lorsque nous retournerons à la forêt de Tra Su. Il y a quelques passages vraiment sublimes et vous pourriez profiter d’un passage à Tra Su pour explorer un peu la région située entre Tri Ton et Thin Bien. La photo ci-dessous a été prise dans un petit café qui s’appelle “Quán Cây Thot Not” sur Google Maps. La zone est vraiment très belle et il y avait des dizaines de motos lors de notre premier passage, aucun doute que de nombreuses personnes récoltent les palmiers à sucre ici (et c’est qu’à 35 minutes de route depuis Chau Doc, à littéralement 10 minutes de la forêt de Tra Su).
C’est tellement rare d’avoir des palmiers à sucre (et c’est tellement beau) que je dois dire que ça me rend forcément un peu gaga, mais si vous y allez vous-aussi je vous assure que vous ferez des photos car cette région est vraiment sublime ! J’espère que cet article vous a donné envie d’aller découvrir ces zones Khmères du delta du Mékong (attention c’est uniquement dans l’An Giang, les zones “minorités Khmères” de Soc Trang, Tra Vinh ou Bac Lieu n’ont que très rarement de palmiers à sucre… d’après mon expérience). D’ailleurs je trouve Tri Ton & Thin Bien tellement belles que j’y retournerai avec plaisir !
Des conseils pour découvrir ces régions ?
Sachez que cet article n’a pas vocation à vous apporter des conseils sur Tri Ton, Chau Doc ou l’An Giang. Si vous le souhaitez j’ai déjà écrit des articles sur ces régions et vous pourrez sans problème organiser votre voyage dans ces zones après les avoir lu (j’y parle de ce qu’on peut y faire, où dormir, où manger, etc.). Tous les articles sur superbe région de l’An Giang (dont Tri Ton) sont disponibles sur ce lien.
Questions ?
Vous avez des questions sur cet article ? n’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous (ou à préciser quelque chose si vous avez vécu plus de 2 ans au Cambodge et mangez tous les matins du palmier pour le petit-déjeuner et que cet article vous a donné envie de vomir).
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