Lorsque je voyage en Asie (tu te rappelles avant le COVID ?) il y a des situations qui reviennent tout le temps. Du coup avec l’expérience j’ai des schémas de photos qui se répètent et même sans inspiration il m’arrive de faire quelques photos pas mal.

Plus que de vous dire “oulala quand vous voyez une mamie soyez gentils” dans cet article je veux vous partager les éléments (urbains, climatiques, etc.) qui font “tilt” dans ma tête et qui vont déclencher (sans mauvais jeu de mot) un certains type de photo. Par exemple lorsqu’il y a des ponts, lorsque je fais des photos au ras du sol ou lorsque je dois prendre une photo d’une chute d’eau (chose que je déteste).

A noter que cet article se marrie très bien avec mon article sur les “10 règles de bases à connaitre en photographie” ainsi que sur les “7 erreurs photo que j’ai fait pendant des années“.

1. Les ponts sont tes amis

Je suis quelqu’un qui adore les ponts et absolument tous les ponts (que ça soit sur un fleuve ou une route, qu’ils soient petits ou immenses). Pour faire simple j’aime beaucoup les photos du dessus car elles permettent d’avoir un autre point de vue sur les choses.

Lorsque je vois un pont j’ai donc systématiquement envie d’aller dessus et d’essayer de voir ce qu’on peut faire avec. C’est aussi souvent des lieux d’échanges (par exemple pour charger des bateaux à côté d’un route) et il se passe donc souvent des trucs. N’hésitez pas à systématiquement les utiliser lorsque vous voyagez car ils vont vous montrer “autre chose”. C’est un peu bête à dire mais on y pense pas assez.

Point technique : Faites cependant attention car ces bateaux seront systématiquement en mouvement, il faudra donc que votre vitesse de déclenchement soit quand même assez importante. Si c’est un bateau de transport de marchandises généralement il se déplacent lentement mais sur la première photo le bateau se déplaçait beaucoup plus vite puisque c’était simplement un mec qui rentrait chez lui. Dans ce cas il faut tout de suite shooter à 1/800 ou 1/1000 pour être sûr de bien figer la scène (et on peut bien voir la vitesse d’obturation assez élevée, regardez l’eau sur la droite qui est figée). 

C’est la même chose lorsque vous montez des étages dans des bâtiments ou que vous avez simplement une vue du dessus. Focalisez-vous sur ce qu’il y a en bas, cela vous donnera des photos vraiment différentes. Je vous ai mis ci-dessous 2 exemples.

Photo prise depuis le second étage d’un marché à Hanoi au Vietnam

Photo prise depuis un fort dans les environs de Delhi en Inde, il y avait un marché juste en dessous

2. La pluie ou l’eau… créé des reflets

Généralement la pluie est un peu l’ennemi du photographe, elle va en effet cacher le soleil et un peu toutes les lumières. Il arrive parfois de faire de belles photos sous la pluie mais dans l’idée il faut quand même une scène vraiment particulière pour que ça ressorte bien.

Souvenirs d’une journée à Kyoto sous la pluie !

Ce à quoi il faut penser c’est juste après la pluie puisque la configuration va totalement changer, vous allez alors avoir… de l’eau au sol (logique non ?).

  • Bien évidemment la première chose à laquelle il faut penser c’est les flaques, non pas qu’il faille passer son temps à faire des photos dans les flaques (n’abusez pas des reflets) mais cela permet vraiment de changer la dimension de son image. Mettez donc l’appareil dans la flaque et à vous les photos vraiment différentes, surtout s’il fait beau par la suite.
    Si vous avez une endroit vraiment très photogénique n’hésitez pas à attendre quelques minutes dans votre flaque pour avoir un sujet vraiment intéressant. A notez que les flaques fonctionnent bien avec les gens et les villes mais aussi extrêmement bien avec les monuments (puisqu’avec un reflet la photo change tout de suite de dimension).

Sur la photo ci-dessous c’est vraiment une petite flaque d’eau croupie, ça avait fait marrer les autres Product Manager d’Easia mais ça m’a quand même donné une photo pas mal !

  • Dans les villes cet eau sur le sol ne va pas forcément créer de flaques, en revanche cela va avoir un effet réfléchissant et donner énormément de dynamisme à votre photo. Pensez-y surtout lorsque vous êtes dans les pays riches d’Asie qui ont énormément de lumière (panneaux, boutiques, éclairages) et où les photos changent du tout au tout.

A noter que lorsqu’il pleut il faut toujours garder espoir, parfois la pluie va en fait laver la zone de toutes les poussières et juste après la pluie vous aurez un ciel parfaitement dégagé, c’est pas si courant mais ça arrive souvent !

3. Shootez au ras du sol… mais maitrisez-vous !

On voit souvent qu’il faut “changer les perspectives” donc prendre des photos au ras du sol. C’est vrai mais il faut cependant faire attention à ce qu’on souhaite faire. Le gros risque de faire une photo au ras du sol est de perdre la compréhension globale de la scène, explications en 3 sous points.

Lorsque vous souhaitez avoir une autre approche d’une scène, le fait de faire un photo au ras du sol est souvent… génial !

C’est un point important surtout lorsque vous allez visiter des lieux que vous avez déjà vu 1000 fois. Le fait de changer de point de vue et de faire des photos au ras du sol va complètement changer ses clichés. Cela apporte une autre vision d’une scène, une impression de proximité, bref en fonction de ce qu’il se passe on créé plus facilement une émotion.

Au ras du sol on est pas distrait par les bras, et on suit littéralement le couloir 

Au ras du sol on a vraiment cette impression de “tunnel” dans la photo, ça donne un autre angle !

Attention, le ras du sol ne fonctionne pas tout le temps

Le fait de faire des photos au ras du sol est cependant très dangereux, vous allez aussi avoir tendance à rendre la photo plus difficile à comprendre si votre sujet fait partie d’une scène générale. En effet ce n’est pas parce que vous êtes créatif que votre photo est forcément bien.

Je vais vous montrer le très gros problème avec cette façon de faire : vous perdez à 99% le contexte de la photo. A ce titre vous pourriez beaucoup aimer votre cliché mais il sera incompréhensible aux autres car… ils n’étaient pas là. Vous vous saviez que la dame était dans des rizières en terrasse de malade ou dans des plantations de thé mais ceux qui regardent votre photo n’en ont aucune idée.

Exemple ci-dessous (toutes ces photos sont d’une même scène, comparez les chapeaux c’est les mêmes personnes) :

  • Photo 1 (très basse, pas au ras du sol mais pas loin) : La dame est isolée dans les plantations de thé, on a aucun arrière-plan, on comprend pas qu’elle est dans le thé
  • Photo 2 (au niveau du buste, “normale”) : Les 2 personnes ressortent très bien, on comprend qu’elles sont dans du thé mais on ne perçoit pas l’immensité du thé
  • Photo 3 (photo prise à bout de bras au dessus de ma tête) : On perd les personnes pour vraiment se rendre compte de l’étendue des plantations de thé !

Même si le fait d’être plus bas est souvent une bonne chose d’un point de vue créatif, lorsque vous souhaitez intégrer votre sujet dans un paysage en général c’est dangereux car on perd la notion d’horizon. Sur ce cas précis je préfère la photo #2 et si je dois mettre en avant les plantations de thé de Pleiku je vais plutôt utiliser la photo #3.

Vous voulez un autre exemple ? J’en ai un autre !

  • Photo 1 (au ras du sol) : On a l’impression d’être dans la rizière avec la dame, par contre on ne perçoit pas l’immensité des rizières à l’arrière
  • Photo 2 (au niveau de la tête de la mamie) : Là tout de suite on a la notion de profondeur, la dame est moins intéressante car elle parait presque trop proche, l’angle n’est pas bon mais la photo est facile à comprendre
  • Photo 3 (photo prise du dessus) : Dans ce cas la dame devient simplement une référence pour comprendre la scène et pour réaliser à quel point les rizières sont grandes, mais elle devient moins centrale dans la photo !

Pour cette dernière série c’est l’inverse, je préfère la photo #1 mais c’est à vous de bien comprendre ce système et la notion de : “est-ce que je veux rendre ma photo compréhensible à tout un chacun, ou est-ce que je veux juste faire ressortir mon sujet le plus possible”.

La différence entre ces 3 photos est d’ailleurs assez incroyable, ces 3 photos sont prises en quelques minutes seulement !

Conclusion : Faire des photos au ras du sol il faut y penser tout le temps, mais il faut aussi savoir quand ne pas utiliser cette technique ! Notez que ça fonctionne aussi souvent avec les monuments, ci-dessous la photo au ras du sol est moins pertinente que la photo à hauteur “normale” (c’est la cité impériale à Hué au Vietnam).

4. Les gens qui font quelque chose (manger, jouer, etc.)

Lorsque quelqu’un travaille sur quelque chose il est souvent très intéressant de prendre des photos juste au dessus de son épaule en faisant la mise au point sur ses mains. Le fait de se mettre derrière lui apporte beaucoup de contexte, surtout si on peut voir ses mains. D’ailleurs faites toujours la mise au point sur ses mains (plein de gens ne font pas attention, ce qu’on veut bien comprendre c’est les mains pas le dos de la personne !).

Par exemple lorsque quelqu’un va jouer aux dames devant vous ou lorsque quelqu’un va tricoter vous pouvez faire plusieurs photos logiques (zoomer sur les mains, prendre cette personne de face, etc.). N’hésitez pas à vous déplacer, à vous mettre juste au dessus de son épaule et à prendre la photo. Vous aurez alors une photo qui pousse le sujet (les dames) mais où on comprend instantanément tout ce qu’il se passe.

Sur la photo ci-dessous l’angle est moins prononcée, mais l’idée est la même

Cela peut parfois être encore mieux lorsque vous avez carrément plus de hauteur que la personne juste en dessous. Bien évidemment depuis un pont c’est très facile mais si vous êtes au même niveau (et que vous êtes grand et avec un grand angle) vous pouvez aussi avoir des photos du dessus sans vous en rendre compte.

Faites cependant attention car parfois le fait de se focaliser sur les mains est bien plus intéressant (surtout lorsque les mains racontent quelque chose, comme les personnes âgées…).

5. Les chutes d’eau

Je déteste les chutes d’eau, je ne suis donc pas la meilleure personne pour vous donner des conseils. Néanmoins si je dois insister sur 2 points avec les chutes d’eau :

  • Comprendre l’échelle : Souvent les chutes d’eau sont immenses et il est donc difficile de comprendre en photo à quel point elles sont grandes. Il est primordial de mettre quelqu’un ou quelque chose dans votre composition pour qu’on puisse comprendre. Un bateau, une personne, un sac à dos, n’importe quoi qui puisse créer le sentiment “ah ouai c’est grand”. Je vous ai mis ci-dessous une photo sans échelle puis avec une personne au milieu et l’impression de puissance est bien plus importante sur le second cliché !

  • Mettre ISO 100, F22 et en avant : Il existe des dizaines de tutos sur internet qui expliquent comment faire des pauses longues pour avoir un effet sur l’eau des chutes d’eau. Franchement je déteste ces images (il n’y en a quasiment pas sur le blog) mais pensez-y aussi si vous voulez facilement impressionner vos amis. Sur la photo ci-dessous c’est pas vraiment marqué mais vous pouvez voir l’eau qui se “diffuse”.

6. Les motifs qui se répètent

C’est un truc absolument génial en photo que d’avoir devant soit des motifs qui se répètent. Si vous avez des gens ou des choses qui sont en nombre important cela peut créer un effet saisissant dans vos photos. En fonction des pays ces motifs seront très différents. Vous aurez par exemple souvent les toges des moines en Asie du Sud-Est alors que dans les grandes capitales asiatiques c’est plutôt du mobilier urbain. Cela peut aussi jouer à FOND lorsqu’on parle des couleurs. Par exemple dans une ville comme Jodhpur (où tout est bleu) le fait d’avoir un tuktuk ou un sari rouge va décupler votre effet. Cela peut aussi fonctionner avec des objets (des chapeaux coniques ? des costumes ? etc.).

D’ailleurs en écrivant ce passage je ne peux qu’insister sur le fait que ça soit très peu lié à la technique. Cet élément de motif qui se répète c’est surtout de l’observation (et un peu d’attente pour trouver le bon sujet). Pas besoin de vous dire “oulala j’ai pas un appareil photo très cher”. Là c’est vraiment vous et votre créativité !

7. Dans la foule… vise les smartphones ou isole des gens !

C’est une remarque beaucoup trop marrante car je l’écris pendant le COVID. La notion de foule est donc devenue quasiment inexistante. Souvent lorsqu’on se retrouve dans un endroit avec une foule importante il est très difficile de faire une photo, on ne sait pas quoi viser, les scènes changent en une demi-seconde, bref c’est la galère et il y a toujours un mec devant soit.

Je vous conseille très fortement de viser des personnes ou des objets afin de faire ressortir quelque chose, vous n’arriverez quasiment jamais à transmettre un sentiment en essayant de tout prendre en photo. A la place focalisez-vous sur un monsieur dans un groupe, prenez en photo des smartphones, etc. Ce conseil fonctionne pour des festivals mais aussi pour des marchés et tout ces trucs où il y a vraiment du monde !

Vous pouvez aussi vous servir de cette foule pour cadrer votre image, cela peut paraître un peu bizarre mais vous pouvez utiliser la foule pour occulter une partie de votre cliché (et donc renforcer ce qu’on voit très bien), voir utiliser la foule pour comprendre encore mieux l’action (comme sur les courses de buffles ci-dessous).

8. La Nuit… suit la lumière

Lorsque vous allez voyager vous passez souvent la journée à visiter et le soir… ben on est crevé. On prend son appareil photo pour aller dîner mais souvent on ne sort pas de belles photos. La clé lorsque vous êtes en Asie du Sud-Est et qu’il fait nuit c’est de… suivre la lumière.

Bon ça peut paraître un peu bête mais souvent les éclairages sont très faibles et vous n’allez JAMAIS faire de belles photos la nuit que ça soit en Birmanie, au Cambodge ou aux Philippines. Vous allez tenter des trucs mais ça va jamais fonctionner tout simplement car la lumière est trop faible (donc votre photo sera floue très rapidement).

Ce qu’il faut faire c’est ne pas suivre votre sujet ou une situation intéressante mais plutôt suivre les endroits où il y a de la lumière. Est-ce une rue ? est-ce un pont ? est-ce une échoppe avec des lampes LED très puissantes ? N’essayez pas de faire des photos sans lumière (car ça fonctionne quasiment jamais) et gardez votre énergie pour les endroits où il y a vraiment un potentiel. Une fois que vous êtes dans ces endroits par contre attendez quelques minutes qu’un truc cool se passe.

Note : Ce point peut semble complètement débile mais c’est très très très important même avec un iPhone car c’est un blocage mental qui arrive vite. Ce n’est pas non plus un point technique mais plutôt un état d’esprit et un sens de l’observation.

Je vous ai montré au dessus une photo de Dalat au Vietnam avec la lumière sur le sol après la pluie. Au début je ne voulais pas vraiment faire de photo ici mais en voyant toute cette lumière dans ce magasin ainsi que les beaux reflets que ça engendrait j’ai pu facilement faire ma photo. Sachez aussi que plus la lumière est importante et plus il sera facile de faire votre photo !

Cadrez vos photos avec ce que vous avez

Faire des photos un peu différentes c’est toujours gratifiant, le but lorsque l’opportunité se présente est TOUJOURS d’essayer de mettre ses photos dans un cadre. Lorsque je dis un cadre c’est d’essayer d’utiliser des fenêtres, des portes ou n’importe quelle autre structure qui va vous permettre de cadrer une photo naturellement.

Taj Mahal

Est-ce que ces conseils marchent tout le temps ?

Tous les conseils que je viens de vous donner vont rarement fonctionner :

  • Pour une photo cadrée réussie vous allez peut-être en louper 10
  • Pour une photo “waouh” avec les reflets dans l’eau et un ciel bleu vous allez devoir attendre des jours et des jours (car souvent après la pluie… il fait toujours moche !)
  • La nuit vous allez parfois vous balader et il n’y aura aucune lumière (moins un pays est riche, moins il y a de lumière)

Dans tous les cas persévérez, vous allez pas vous lever un matin en étant devenu un photographe accompli ! Je suis un grand fan de basket et Greg Popovich disait toujours à ses joueurs  “je regarde toujours le tailleur de pierre, il tape avec son marteau 100x sur la pierre et pourtant il n’y a aucun signe que la pierre va céder, et puis d’un coup au 101ème coup la pierre explose, mais ce n’est pas le dernier coup qui a cassé la pierre, c’est tous les coups d’avant”.

Ben la photographie c’est pareil mais sans votre marteau et avec un appareil photo.

Note à la relecture : première fois que je mets une citation en 8 ans je crois, ça y est je me transforme lentement en influenceuse beauté “coucou mes louloutes, aujourd’hui je reviens vers vous avec un produit révolutionnaire… oubliez pas le code promo”

Questions ?

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