Aujourd’hui un article très différent mais aussi très personnel. J’ai passé 4 ans chez Shanti Travel en tant que Business Developper (en gros tu démarres le business dans le pays, 80% de vente et 20% de tout le reste, comptabilité, production, relation, participation à quelques salons, etc.). Désormais je suis Product Manager au Vietnam depuis 2 ans chez Easia Travel, un réceptif spécialiste de l’Indochine. Chose assez marrante mais j’ai commencé chez Easia Travel le 15 mars 2018, au même moment où mon blog soufflait (souffrait diront les cowboys de l’internet ?) sa sixième bougie, simple coincidence ?
Note 1 : Cet article a été écrit avant la crise du Coronavirus, j’ai hésité à le publier car la crise va sans doute remodeler complètement le paysage du tourisme dans le monde (rien que ça oui). Toutefois je le trouve intéressant quand même !
Note 2 : Attention, dans cet article je n’utilise que des exemples sur le Japon (pays que je connais un peu mais sur lequel je ne travaille pas), ce n’est donc que des exemples pour expliquer un processus global (et afin d’éviter de partager des informations importantes).
Note 3 : Chose rare mais j’ai mis pas mal de photos de moi dans cet article ainsi que des photos aléatoires du Vietnam.
Génèse de cet article
J’ai pensé à écrire cet article pour 2 raisons :
- La première c’est que j’ai encore plein de messages de gens qui se demandent comment je peux voyager tout le temps en gagnant de l’argent (en gros qui comprennent pas ce que je fais, et qui comprennent pas que le blog n’est pas mon travail).
- La seconde c’est que pas mal de gens dans le milieu du tourisme suivent le blog, du coup je pense que ça peut être intéressant d’écrire un article à propos de mon travail.
Avant de parler du travail il faut expliquer l’environnement : un réceptif ? Qu’est ce que c’est ?
C’est important tout d’abord d’expliquer les différents types d’agences en Asie. Il existe en effet des agences B2C (vente directe) et des agences B2B (vente à des agences) que l’on appelle souvent des réceptifs (ou des DMC en anglais).
Une agence en B2C
Auparavant je travaillais en B2C, dans l’idée les agences sont beaucoup plus petites car elles gèrent beaucoup moins de voyageurs, cependant tu vends directement des voyages aux voyageurs (Madame Michou). Souvent le voyageur trouve l’agence en cherchant directement sur Google “agence voyage vietnam”, ou “agence de voyage locale vietnam”. Après bonne chance à lui pour faire le ménage entre les bonnes et les beaucoup moins bonnes (car des agences qui te promettent “un voyage inoubliable, au meilleur prix et hors des sentiers battus” il y en a des dizaines). A chaque nouvelle demande tu repars de zéro en devant ressortir le même speech (“Je suis Brice, j’habite au Vietnam…”), et surtout 95% des gens veulent la même chose en pensant qu’ils veulent quelque chose différent des autres “J’ai un peu moins de 2 semaines dans le pays, je veux sortir des sentiers battus et voir le vrai Vietnam tout en ne manquant pas les incontournables, on veut pas de grands hôtels internationaux mais plutôt des petites structures de charmes avec un bon rapport qualité-prix”.
Le fait d’avoir les mêmes demandes tient aux voyageurs qui suivent ce processus (c’est à dire qui veulent une agence locale OU veulent un voyage sur-mesure OU veulent quelque chose de différent OU sont déjà bien informés sur la destination). Un voyageur qui rêve de passer 2 semaines au Club Med ou dans un resort 5 étoiles ne suit pas ce processus (et ira directement sur Voyage Privé ou des sites similaires). Oui en 2020 tu réserves des vacances comme t’achètes des sous-vêtements ou les cadeaux de Noël de ton neveu.
Une agence en B2B
Désormais je travaille en B2B, là cette fois on ne vend pas de voyage directement à des voyageurs mais plutôt à des agences partout dans le monde (donc on vend à Alexandra, vendeuse pour l’agence ABC Travel quelque part en Europe… et c’est Alexandra qui est en contact avec Madame Michou). Il y a une différence très importante puisque tu n’es pas en relation directe avec le voyageur et que tu dois nouer des partenariats longs avec peu d’agences. Enfin je dis “on” mais moi je vends rien du tout. Moi je fais de la Production.
La Production dans le tourisme, qu’est ce que c’est ?
Là encore la Production est quelque chose de très différente si tu fais du B2C ou si tu fais du B2B, généralement :
- Dans le B2C la Production consiste (souvent, j’ai bien dit souvent pas taper !) à avoir des bons et jolis programmes sur son site internet. C’est à dire avoir des itinéraires intéressants, variés et qui donnent envie aux gens qui passent sur ton site internet de cliquer pour demander un devis (c’est le nerf de la guerre, pas de demande de devis = pas de vente), avoir envie de voyager avec ton agence, etc. Par exemple si je prends le Sri Lanka tu voudrais des programmes comme :
- Le Sri Lanka en hôtels de charme (itinéraire de 2 semaines avec des beaux hôtels mais sans exploser le budget avec des 5 étoiles, sinon ça serait “Lune de miel au Sri Lanka”)
- Le Sri Lanka en famille (itinéraire de 2 semaines avec des activités sympas pour des familles, des animaux, des ateliers intéressants, pas énormément de voiture, etc.)
- Découverte du Sri Lanka et plages des Maldives (combiné Sri Lanka pour la culture + Maldives pour la plage)
- Treks & Nature sur l’île de Ceylan (ton programme randonnée/aventure).
- Grand tour du Sri Lanka (3 semaines avec des endroits très hors des sentiers battus, le programme pour montrer que tu connais bien le pays).
- etc.
Tout en ayant des programme attirants (donc oui pour le programme en famille il te faudra des photos avec des enfants), sans être trop chers (et il faut que ça soit “réel” car certains clients veulent exactement ce voyage) qui respectent les valeurs de ta marque (tu bosses pour une agence bas de gamme, pour des groupes, pour du luxe, pour des comités d’entreprise ? etc.).
- Dans le B2B la Production consiste à créer, organiser et classifier tout ce qu’il est possible de proposer à des agences de B2C (donc qu’est ce que peut proposer Alexandra de l’agence ABC Travel qui coincide avec ce que veut Madame Michou pour son prochain voyage au Japon). Par exemple :
- Qu’est ce que comprend la journée “incontournable” à Tokyo ?
- Quel expert ou personnes intéressantes on peut faire rencontrer à Madame Michou à Osaka (si elle aime l’art contemporain ? les sumos ? les katanas ? les singes ? les sushis ? l’influence du confucianisme sur le Sud de l’île ? etc.). On peut donc la faire assister à un entraînement de sumo ? on peut la faire rencontrer un maître de sushis ? Un descendant d’un ancien Ninja ?
- Quel Food tour à Kyoto ? de luxe ? Street Food ? pour les vegans ? pour les groupes ? (et oui car Madame Michou elle peut voyager en couple, en famille, avec son club d’athlétisme, etc.).
- Quelles activités en famille ? Si Madame Michou a 2 enfants de 3 et 5 ans ou si au contraire elle a 2 enfants de 12 & 14 ans ? (tu proposes pas la même chose).
- Lorsqu’on vend 3 jours de 2 nuits dans une région différente comme les Alpes Japonaises :
- Où est-ce qu’ils vont pour avoir le meilleur rapport qualité-prix ?
- Où est-ce qu’on va pour un truc 100% charme et authentique (mais du coup un peu plus cher) ?
- Où est-ce qu’on va pour les groupes s’ils sont 35 personnes ?
- Où est-ce qu’on va aller si Madame Michou est CEO d’une grosse entreprise et emmène ses 200 meilleurs vendeurs au Japon pour 5 jours ?
Outre les journées c’est aussi en terme d’hôtellerie ou d’activités, par exemple quel est le meilleur cours de cuisine pour les clients à faible budget à Osaka, quel est mon choix #1 parmi les 5 étoiles à Tokyo en fonction de ta clientèle ? (pour des français ça sera sûrement un Ryokan magnifique le plus traditionnel et authentique possible, pour des américains ça sera le Mariott ou Four Seasons).
Les options sont infinies et le but est d’avoir des choses différentes, qui répondent aux besoins de tes clients (donc avec des budgets parfois différents) et avec une vision sur le long terme (oui le tourisme ça bouge vite, il y a encore 5-6 ans il y avait beaucoup moins de touristes au Japon, maintenant si tu visites Fushimi Inari à 10h00 du matin c’est pas la joie… donc il faut changer tes programmes et proposer la visite à 6h00 du matin).
Tout ça ce n’est que de la théorie, parfois tu n’as pas de personnes qui font de la Production à plein temps (en B2C ou B2B), parfois tu dois aussi t’occuper des hôtels, avions et restaurants, parfois tu fais ça pour plusieurs pays (toute l’Indochine)… ou qu’une seule région d’un pays (que Bali en Indonésie, que Kyoto et Osaka au Japon, etc.).
Il y a Production et Production
La Production est une fonction annexe d’une agence de voyage, dans l’idée une agence de voyage doit impérativement avoir 3 départements :
- La vente : parcequ’il faut bien faire rentrer de l’argent et vendre aux clients
- L’opérations : car une fois que les clients ont réservé il faut s’assurer que le guide sera là et connait le programme, qu’on a réservé l’hôtel, que le chauffeur aura le bon véhicule, que les billets de trains sont imprimés, etc.
- Le Marketing qui vient souvent après (il faut parler de ton agence, établir une image de marque, payer sur Google pour avoir des demandes, etc.).
La Production est une fonction annexe qui n’existe pas dans toutes les agences, elle est très souvent diluée avec la vente ou le Marketing (dans les petites agences) et dans de nombreuses petites agences c’est un peu YOLO (dans l’idée t’as un cours de cuisine dans une ville et puis c’est terminé, tu vas pas commencer à en avoir plusieurs, un pas cher et un cher, etc.).
Product Manager au Vietnam
Revenons à nos moutons, pour ma part je suis donc Product Manager pour un réceptif en Asie (Easia Travel pour ne pas les citer), mon travail consiste donc (d’après mon LinkedIn) EN PARTIE (oui je vous ai pas tout mis, le but c’est que ça reste intéressant hein !) à :
- Création de produit & suivi des connaissances: Création de nouveaux produits (exemple : des contacts pour pouvoir faire le Shimanmi Kaido en 3 jours, la visite avec un jardinier du magnifique jardin de Shikoku, un Food Tour à Matsuyama, des visites de temples peu connus à Naruto, proposer un nouveau Ryokan perdu à côté d’une chute d’eau). Et puis surtout après suivi d’un point de vue des outils (système IT, écriture dans une “encyclopédie” où l’on consigne tout ce qu’il faut savoir pour une activité, sauvegarder les photos & vidéos et partager les tout ça, etc.).
- Les formations : Le Product Manager il a beaucoup de connaissances, le but est donc de partager cette connaissance avec tout le reste de l’entreprise.
- Exemple : Après mon retour de l’île de Shikoku et après avoir fait tout ce qu’il fallait (remplir l’encyclopédie, rentrer les prix dans le système pour créer un itinéraire, etc.) il faut partager toute cette connaissance au reste de l’entreprise. Cela peut-être pour ton chef, pour les vendeurs, pour le Marketing, pour X ou Y, pour des clients ? etc.
- Suivre la qualité des produits: Oui une fois que tu as créé des produits (des activités) il faut s’assurer qu’ils sont bons, et il faut aussi modifier les anciens s’ils commencent à dater ou s’il y a eu des mauvais retours (moi y’a jamais de mauvais retours ok ?).
- Exemple : C’est les JO à Tokyo en 2020, de nombreux quartiers sont réaménagés donc il faut changer certaines itinéraires pour les visites à pied.
- Superviser toute l’équipe de Production : Et oui, le Product Manager a souvent une équipe qui est divisée dans plusieurs endroits du pays (donc sûrement à Kyoto et Hiroshima en plus d’un bureau principal à Tokyo). Donc tu recrutes, tu fais le suivi des budgets, des missions, tu aides les gens, etc.
J’ai enlevé certaines missions d’un Product Manager dans un réceptif mais vous avez l’idée générale (le but c’est que cet article essaye d’être clair).
Du coup tu voyages tout le temps ?
J’ai la chance de beaucoup voyager dans le pays, alors attention car au final les voyages doivent représenter peut-être 10% du temps de travail mais c’est déjà énorme. Sur l’année j’ai la chance de faire 4-8 “grosses” inspections (7-10 jours) et des dizaines de plus petites (aller voir un spectacle le soir, essayer un nouveau tour en Vespa à Tokyo, passer quelques jours à Kyoto ou Hiroshima pour travailler avec l’équipe, pour moi ça c’est des petits trucs).
Ca ressemble à quoi une inspection ?
Les inspections honnêtement c’est absolument génial par contre c’est un boulot dément. Oui il faut pas croire mais voyager pour le boulot c’est quelque chose de très différent (même très très très différent). Je vous prends un exemple ci-dessous:
Je pars 10 jours dans le delta du Mékong, une zone que l’on connait bien. Le but est donc de développer des activités et d’ettayer notre offre sur 2-3 endroits en particulier.
Etant donné qu’on a déjà tous les incontournables et souvent des trucs plus originaux, le but est alors de répondre à des besoins particuliers :
- Une entreprise possède désormais des Jeeps à Can Tho (la grande ville du delta du Mékong)
- Une pagode qu’on utilisait beaucoup dans une région est partie en fumée donc il en faut une autre.
- On a des mauvais retours vis à vis d’un tour en hydroglisseur de 3 jours, il faut voir ce qu’il se passe sur place et peut-être en trouver un autre
- On a repéré un nouveau homestay qui a l’air bien, est-ce que c’est vraiment bien ? pour quels clients ?
- etc.
Bref c’est des possibilités sans fin, et le pire c’est que souvent tu enchaînes tout dans la même journée ou pas loin. Le but étant avant tout de faire comme les clients.
Il faut être extrêmement minutieux, tout bien avoir au niveau des timings, vérifier que les restaurants pour ton food tour ferment pas un jour de la semaine, ou lorsque de la pleine lune ? Ou que le café local où tu vas ferme le lundi donc qu’il te faut un backup pour les itinéraires du lundi, etc. Si tu veux faire marcher un groupe de 40 personnes il y aura forcément quelques membres qui peuvent pas marcher plus de 2 kilomètres ? comment on fait ? etc. Et le soir c’est parti, il faut remettre toutes tes notes sur des vrais supports, trier les photos et vidéos, préparer les nouveaux programmes (ou au moins avoir des notes parfaites pour pas galérer 10 jours après “on avait dit quoi déjà le food tour, 6 ou 8 pax maximum ?”.
Dans l’idée ça fait parfois pas rêver (enfin je pense que certains vont s’étranger en lisant ça) mais tu vois tellement de choses, rencontre tellement de gens que ça en devient super intéressant même si c’est ton cinquième tour en vélo dans la région. Et puis même à ce moment tu te dis “mais quand même, les autres c’est les vacances une fois dans l’année et moi c’est mon boulot”.
La durée de travail pendant les inspections dépend aussi beaucoup de l’endroit où tu te trouves. Très clairement dans le delta du Mékong tu te lèves souvent à 5h30 – 6h00 du matin et tu enchaînes non-stop jusqu’à 18h00. Dans les montagnes du Nord du Vietnam tu commences souvent à 7h00 mais à 16h00 les journées sont quasiment terminées (beaucoup de treks donc ça dure moins longtemps, le soleil se couche plus tôt, il fait froid rapidement, etc.).
Où peut on voir tout ça ?
Malheureusement pour ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux et sur ce blog, sachez que tout ce que je fait pour le travail n’est jamais sur le blog ou sur Facebook / Instagram. Oui pour faire simple j’ai vraiment 2 vies, une pour le travail (d’où RIEN ne filtre) et une personnelle (où quasiment TOUT filtre). En résumé je suis Jean-Michel Bipolaire.
Donc lorsque je t’écris un guide sur une destination il y a plein d’activités que je connais qui seraient géniales à vous conseiller mais… ben les gars ce blog il est gratuit ! C’est d’ailleurs pour ça que toutes les photos sur cet article de blog sont des photos aléatoires de moi ou du Vietnam !
Je perçois mon salaire car on a des expériences différentes, donc je vais pas former la concurrence (il y a beaucoup de gens du tourisme qui suivent le blog) ainsi que tout une masse de voyageurs (ça serait vendre mes connaissances ainsi que celles de la boite gratuitement alors que c’est justement la boite qui paye). Par exemple lorsque je vois tous les articles avec “les meilleurs marchés flottants du delta du Mékong” j’ai envie d’exploser de rire.
Chose assez drôle sur ce dernier point mais pourtant les gens ont tendance à moins me croire lorsque j’ai ma casquette “entreprise”, pourquoi croire un mec qui est allé dans tous ces marchés alors qu’un article de l’agence “LE VIETNAM SANS LES MAINS” a fait un top 5 avec des photos de 1950 ? Ce point là me rendait complètement fou dans mon ancien travail (c’est exactement la même chose lorsque tu lis l’avis d’un mec sur le forum de Doctissimo mais ne croit pas ton médecin).
Tout ce que tu vois sur le blog avec déjà de très nombreux voyages c’est à titre personnel (mais quand c’est à titre personnel ça peut aider pour le boulot, dans ce sens là ça fonctionne !).
Dernier point que j’ai oublié mais lorsque tu es en inspection (j’ai failli écrire “mon frère” car les sentiments remontent) faut avoir des “résultats”, donc même lorsqu’il pleut à torrent faut continuer de faire ton tour en vélo, même après avoir voyagé toute ta journée faut enchaîner sur les emails le soir et l’écriture du compte-rendu, etc. (dans la limite du possible hein, on va pas faire du Kayak lorsqu’un typhon arrive). Donc là ça te fait rêver mais je peux te garantir que :
- Lorque tu commences tes journées à 4h30-5h30 dans le delta du Mékong et que tu éteints ton ordinateur le soir à 23h00 (et ça tous les soirs pendant 1 semaine), t’es juste au bout du rouleau, marché flottant ou pas, belle lumière ou pas, rencontre avec des gens incroyables ou pas. T’as même plus besoin de réveil en fait tellement tu deviens une machine.
- Lorsque tu retournes voir pour la sixième fois un endroit, que tu l’as déjà vu 1000 fois, mais que bon ben il faut le revoir parceque le truc que tu essayes y repasse ben… genre parfois je vais dans un endroit en weekend et là PAF je dois y retourner 2 fois pour le boulot dans les 2 mois qui suivent, l’enfer !
- Lorsque tu voyages dans un endroit où il y a les plus grandes crues depuis 10 ans (mais qu’il faut quand même que tu termines ton tour en vélo) et ben tu ressembles à un sac plastique qui serait resté 2 mois dehors sous la pluie.
D’ailleurs je voyage tellement maintenant que j’en viens à être content… de mes weekends à Hanoi ! Quelle joie de dormir jusqu’à 9h00, de ne rien faire, de simplement profiter, d’aller chez le coiffeur ou au cinéma !
Note: bon ben avec le Coronavirus au moins sur ce point je suis tranquille, en ce moment je dors très bien.
Tu influences les gens
Le truc sympa c’est que c’est un peu moi qui m’occupe de lancer les tendances en interne, donc au final les tendances en externe. Oui donc peut-être que la mise en avant d’une destination ou d’une activité sur le site internet d’un de nos clients (on va prendre l’entreprise Z qui possède 10 agences en Espagne) c’est moi qui ai poussé en interne pour cette destination.
Bien entendu souvent ces tendances c’est pas moi, parfois c’est la destination qui s’ouvre toute seule (avec un hôtel par exemple ?), parfois c’est le client qui veut absolument aller dans une région particulière, ou qui a besoin d’une rencontre avec un Chamane dans la campagne. Je suis pas Paco Rabanne non plus. Cependant lorsque 2 ans plus tard tu vois les feedbacks des clients “coup de coeur : XXXX” et que XXX c’est une activité que tu as développée tu es super content.
Pour travailler dans la production en Asie il faut…
Vous allez sûrement me dire “wouah c’est le boulot dont j’ai toujours rêvé”, bon alors dans la pratique sache que c’est pas parfait hein, dans le tourisme c’est souvent mal payé, c’est un secteur où il n’y a pas d’argent (ouai même si t’as l’impression que les agences margent à 60%, il y a des coûts énormes donc la plupart des agences galèrent). Tu peux comparer l’EBITDA d’une agence de voyage avec celle de ton plombier, d’Apple (pour lequel tu continues pourtant d’acheter iPhone, Mac Book & iPad), ou la marge nette de n’importe quel médicament ou des parfums (pourtant tu continues d’acheter ton Doliprane et Trésor de Chanel).
Mais si tu veux travailler dans ce domaine il faut (si possible):
- Idéalement avoir fait un stage en production.
- Sinon n’importe quelle expérience dans la vente ou l’opérationnel est excellente (dans le tourisme).
- D’ailleurs idéalement la vente c’est important pour tout, car savoir ce que veut le client c’est quand même primordial. Je parle dans le tourisme mais c’est la même chose si tu veux bosser chez Nestlé.
- Idéalement avoir voyagé dans la région… mais personne n’est jamais allé partout donc ne panique pas… en revanche une connaissance au moins “théorique” est super importante, il faut savoir où sont les villes, avoir été dans les étapes incontournables, etc. (genre connaitre par coeur le Lonely Planet).
- Attention concernant le point ci-dessus cela dépend de l’importance du pays pour l’entreprise, par exemple le Laos c’est souvent un petit pays où tu peux te permettre de recruter un mec nouveau qui connait moins bien, alors que pour les 4 fantastiques d’Asie du Sud/Sud-Est (Vietnam / Sri Lanka / Indonésie / Thaïlande) c’est souvent des pays importants pour les entreprises donc tu prends quelqu’un avec plus d’expérience (et étant donné que le pays est souvent plus développé d’un point de vue touristique, c’est aussi beaucoup plus “technique” pour l’organisation).
- Vivre dans la région si tu veux travailler dans un réceptif, c’est pas si courant de recruter un mec qui vient de l’autre bout du monde… car il y a un risque qu’il reparte (et ouai, s’installer à Yangon c’est pas toujours la joie donc certains repartent 6 mois après).
- Si tu souhaites trouver du travail dans le tourisme généralement il y a beaucoup d’annonces sur la partie “emploi” de TourMag (un gros “portail” pour les professionnels du tourisme). Et si tu veux postuler dans la meilleure entreprise du monde (la mienne) c’est sur la partie “careers“.
Questions ?
Vous avez des questions sur cet article ? n’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous. Bien évidemment j’ai changé des noms et enlevé certaines informations importantes, tout ce qui est mentionné dans cet article n’est qu’un “exemple” (je ne sais pas s’il y a des professeurs de Sumo à Kyoto, me demandez pas dans les commentaires). Si cela vous intéresse sachez que j’ai écrit il y a quelques années un article sur mon ancien travail.
Intéressant, ça donne des idées… 😉
Merci Brice !
De rien 🙂
Articles très intéressants sur ton métier.
Je vois que parfois c’est très dur 😉😀😀
Bon courage à toi
J’adore…suis dans le meme bateau…en Inde.
Je me permets de partager, tu m’en veux pas ?
Pas de souci 🙂
Merci Brice pour “3 semaines au Yunnan” ! A la soixantaine, j’avais bourlingué dans le monde entier et jamais à l’aide d’un guide Lonely Planet, Le Routard… (la Bible comme les avait surnommés un copain, aussi grand voyageur). Mais par hasard, j’étais tombée sur ton blog du Yunnan et j’ai suivi la plupart de tes conseils, ce qui m’a beaucoup aidée, surtout voyageant seule. Et pourquoi pas la Mongolie, l’Inde ? Donc merci encore et bonne continuation ! Take care, Monique
Merci beaucoup 🙂
Merci Brice pour cette belle description ! J aime. Quand même bien ton petit côté Paco Rabane !
On donne tout 🙂
Salut Brice,
Intéressant, c’est un terme que je connaissais d’autant qu’au final, c’est ce que je fais en solo car je suis un peu ma propre agence 😉
Idem pour moi en solo, mais il faut penser aux autres, car ce n’est pas possible ni agréable et trop compliqué pour tout le monde de voyager… à l’aventure, à nos risques et périls. Alors merci à nouveau à Brice qui permet à de nombreux touristes de pouvoir voyager simplement et sans prise de tête ! Il en faut pour tout le monde et les blogs de Brice sont un bien précieux pour beaucoup de voyageurs !
Top cet article Veronique ! Je partage avec plaisir ce c’est rare je trouve d’avoir le retour métier de ce type d’expérience !
Bonjour Brice, j’adore ta façon d’expliquer ton métier !! Bonne continuation au Vietnam, moi je suis rentrée avant la Covid et j’attends avec impatience que les voyages reprennent. Sylvie
Bonjour Brice, Je travaille aussi dans le tourisme et j’habite à Hanoi. Ton article est très intéressant pour moi. J’espère vous rencontrer un jour pour un café.
Bonne continuation. VP Pierre